TEMPÉRAMENT, musique
Avant la gamme diatonique (fa-sol-la-si-do-ré-mi-fa), il existait des échelles sonores comportant moins de sons, parmi lesquelles l'échelle pentatonique (fa-sol-la-do-ré) : cette échelle, universellement répandue, s'est vraisemblablement construite à partir de l'octave, de la quinte et de la quarte, qui sont les intervalles fondamentaux de la plupart des musiques du monde. Ce sont eux, en effet, qui apparaissent en premier, et successivement, dans un instrument à vent, lorsque l'on augmente la pression du souffle. Par ailleurs, depuis Pythagore (vie siècle av. J.-C.), et peut-être avant lui, on sait produire l'octave, la quinte et la quarte sur une corde vibrante en la divisant à la moitié, aux deux tiers et aux trois quarts.
On a certainement commencé à faire de la musique sans se préoccuper des échelles, la pratique précédant toujours la théorie ; la prise de conscience a dû naître des nécessités de la facture instrumentale, où il fallait produire des sons précis.
L'échelle diatonique s'est constituée peu à peu à partir de l'acquisition d'un nouveau son par la quinte supérieure, ramenée ensuite, par octaviation, à l'intérieur des notes déjà existantes. Cela a donné au départ fa-do, puis fa-do-sol, fa-do-sol-ré, jusqu'à la constitution totale de l'échelle diatonique (fa-do-sol-ré-la-mi-si remis dans l'ordre et donnant do-ré-mi-fa-sol-la-si). Cette manière d'obtenir des échelles allant jusqu'à sept sons à partir de quintes justes s'appelle le système pythagoricien. La suite des quintes s'arrête à la septième quinte : si. Après, il faudrait diéser le fa pour obtenir une quinte juste par rapport au si. Or le système pythagoricien est diatonique ; il donne une échelle de sons sans établir de hiérarchie et n'impose pas de point de départ dans l'ordre de la succession. Ici, on a choisi fa parce qu'il permet de dérouler l'ensemble des sept quintes justes sans altération.
Ce système pythagoricien, utilisé en Europe occidentale pendant tout le Moyen Âge et jusqu'à la fin du xve siècle, se caractérise par des tons égaux et des demi-tons très resserrés. Les attractions qui en résultent lui donnent un relief mélodique qui convient parfaitement à la musique monodique (le chant grégorien). Cependant, les choses vont se compliquer avec l'apparition de la polyphonie, qui amènera peu à peu les compositeurs à incorporer la tierce aux accords de quinte, donnant ainsi naissance à l'accord parfait. Cet ajout de la tierce et la théorisation de l'accord parfait sont dus à Gioseffo Zarlino (Le Istitutioni harmoniche, 1558), qui a beaucoup contribué à généraliser ce dernier. Les musiciens de la Renaissance remplaceront peu à peu le système pythagoricien par le système zarlinien, jugé mieux adapté à la musique qu'ils créaient.
Dans le tempérament zarlinien, la tierce majeure pythagoricienne est remplacée par l'harmonique 5 de la résonance naturelle d'un son. Cependant, si la présence de cette tierce naturelle rend la gamme zarlinienne très appropriée pour une musique dont l'essence est l'harmonie consonante, ses inconvénients sont nombreux, car les tons ont des proportions différentes : le ton dit majeur est plus petit que le ton mineur, les demi-tons sont trop larges, donc sans attraction mélodique nette. On chercha alors des solutions de compromis pour minimiser ces inconvénients ; l'une de celle-ci fut le système dit « mésotonique ».
Le tempérament mésotonique garde la tierce zarlinienne, mais égalise le ton majeur et le ton mineur, ce qui comporte un autre inconvénient puisque ce système rend les quintes trop basses. Il sera néanmoins utilisé aux xvie et xviie siècles. Cependant, à une époque où le langage tonal se constituait et où les musiciens découvraient la modulation et[...]
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Écrit par
- Antoine GARRIGUES
: ancien critique à
Sud-Ouest et àContact Variété , professeur d'improvisation et d'histoire de la musique
Classification
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