TÉLÉCOMMUNICATIONS La révolution numérique

Le numérique, moteur de la convergence pour les réseaux

Ayant désormais conquis l'ensemble des réseaux et services de télécommunications, de la téléphonie à l'informatique et à l'audiovisuel (fig. 2), le numérique apparaît bien aujourd'hui comme le moteur principal de la convergence des réseaux ; convergence ne signifiant pas qu'il n'y aura demain qu'un seul réseau, mais plutôt que les diverses solutions à base d'accès par fils de cuivre ou fibres optiques, par radio de terre ou par satellite partageront ou, tout au moins, pourront partager un maximum de choix techniques communs pour le transfert des informations. Parmi ces choix, celui du mode de transfert par paquets est devenu incontournable et, même si la commutation de circuits au débit de base de 64 kbit/s perdurera encore longtemps, il ne fait pas de doute que les réseaux de nouvelle génération ou NGN (next generation networks) seront « tout IP ». À partir du protocole IP initial, ce « tout IP » aura intégré les diverses évolutions nécessaires pour répondre à toutes les contraintes de réseaux « omni-services » de dimension planétaire. Par exemple, citons l'élargissement des capacités d'adressage à l'échelle mondiale avec IPv6 ou l'extension des performances de qualité de service ou QoS (garantie de débit, respect de l'ordre de transmission des paquets ...) en adoptant certaines caractéristiques de la commutation de circuits comme avec le MPLS (multi protocol label switching) ou l'ATM (asynchronous transfer mode).

Au-delà des réseaux proprement dits, d'autres convergences s'avèrent tout aussi impératives pour des utilisateurs qui souhaitent surtout une vision unifiée de leurs services malgré la diversité des terminaux, des accès et des fournisseurs. Si les écueils sont nombreux, la numérisation généralisée constitue un élément particulièrement favorable dans ce sens et le mouvement est déjà bien amorcé dans de nombreux domaines. Les offres d'opérateurs, regroupées sous les appellations de « triple play » (téléphonie + internet + télévision), de « quadruple play » (triple play + téléphonie mobile) et même de « quintuple play » (quadruple play + services de domotique, via la distribution électrique dans l'habitat grâce à la technique CPL – courant porteur en ligne), illustrent bien cette démarche vers l'intégration complète des services de télécommunications sur les accès réseaux.

Comme dans toute révolution, les grands changements techniques que l'on a évoqués n'ont pas été acquis sans de rudes combats, notamment au sein des instances internationales de normalisation, avec le plus souvent en arrière-plan de formidables enjeux industriels. Et, malgré la diversité des normes au niveau mondial, on peut quand même constater que les performances en qualité attendues du numérique sont généralement atteintes, cela grâce aux tests préalables d'interopérabilité absolument vitaux pour conserver la qualité à l'échelle de la planète.

Enfin, en dehors des aspects techniques, cette révolution numérique aura amené de nombreux bouleversements beaucoup plus profonds dans le monde des acteurs « traditionnels », contraints à des mutations difficiles pour s'adapter aux nouvelles technologies ainsi qu'à un contexte fortement concurrentiel (nouveaux opérateurs, nouveaux industriels...), mais qui bénéficient finalement d'un marché en plein essor ; dans les méthodes de commercialisation sous forme de plus en plus électronique ; dans les pratiques professionnelles où la banalisation d'outils de plus en plus performants remet en cause les métiers mêmes ; dans les loisirs par les facilités d'accès à l'information où qu'elle soit ; dans les pratiques de communication entre personnes par les mobiles, le courrier électronique, etc. En fait, la révolution[...]