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TATOUAGE

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Aspects dermatologiques

Du point de vue médical et thérapeutique, le tatouage soulève principalement deux types de questions pratiques, relevant de la dermatologie.

Tatouages reconstructeurs et esthétiques

Ils ont pour fonction de restaurer l'image corporelle abîmée par un accident, une dermatose ou une intervention chirurgicale mutilante, ou simplement de réaliser un « maquillage permanent ». La première tentative de tatouage médical et/ou esthétique – ou dermopigmentation –, remonte à 1835. Le docteur Pauli de Canda, en Allemagne, propose d'introduire par tatouage de la poudre blanche pour dissimuler les grains de beauté et les angiomes. L'Américain Samuel O'Reilly, en 1910, invente la première machine à tatouer électrique, facilitant ainsi la technique du tatouage. La dermographie à usage médical restait cependant une pratique confidentielle. Ce n'est qu'avec l'apparition, en 1986, de pigments couleur chair qu'elle va se développer.

La demande la plus fréquente en termes de « dermopigmentation » est la reconstruction d'une aréole mammaire, après une opération du sein. On peut également proposer la pigmentation de zones circonscrites privées de leur pilosité ou celle de taches définitives entraînant un traumatisme psychologique important. D'ordre purement pratique, on réalise le tatouage de l'ourlet des lèvres, des cils (eye-liner) ou des sourcils, pour faciliter le maquillage.

Techniques de détatouage

Parmi les effets indésirables du tatouage figurent en bonne place les réactions allergiques dues aux sels métalliques utilisés pour confectionner les couleurs. Ces réactions, de plus en plus rares grâce à l'emploi de substances non réactogènes, restent difficilement prévisibles. La couleur rouge, obtenue à partir du cinabre ou sulfure de mercure, et occasionnellement le vert, obtenu à partir du chrome, provoquent des boursouflures et des démangeaisons. Le pigment crée une irritation permanente et le seul vrai remède est la suppression du tatouage.

Le tatouage – c'est la plainte la plus fréquente – peut également entraîner une gêne psychologique. Il peut être une entrave à l'embauche, principalement dans les métiers relationnels. Rappelons qu'en France, la gendarmerie et la police nationale, surtout dans la mesure où le tatouage est inscrit sur l'avant-bras (donc visible les manches retroussées) refusent l'incorporation des tatoués.

Il arrive souvent que le tatouage soit mal accepté par la famille ou le conjoint. Porter un tatouage est en effet différent d'arborer un « gri-gri » ou une boucle d'oreille. Le corps est directement altéré par le tatouage. Il est toujours facile d'enlever un bijou ou un ornement. En revanche, le tatouage est indélébile et l'on ne s'en débarrasse jamais sans interventions techniquement délicates et/ou coûteuses.

Le désir de détatouage correspond généralement à un changement de situation. Il signifie qu'il y a rupture avec un passé que pérennise la trace indélébile soumise au regard et au jugement d'autrui. La crise d'identité étant terminée et le moi affermi, le tatouage ne sert plus à rien. Il devient même gênant et peut ou doit alors être éliminé. Le tatoué veut se « réhabiliter », il veut faire « peau neuve ».

Aucune technique ne s'avère parfaite. La cicatrice, inévitable, participe elle aussi de l'économie symbolique de l'acte, vécu comme une purification. De nombreuses recettes empiriques faisant appel à des procédés caustiques ont traversé les âges. Elles font partie des traditions populaires, transmises oralement de génération en génération. Les méthodes modernes sont aussi variées et dépendent de l'urgence à détatouer, de la motivation du tatoué et des possibilités techniques du praticien. Les détatouages par brûlure (application caustique, électrocoagulation, laser[...]

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Classification

Pour citer cet article

Catherine GROGNARD et Dominique PAQUET. TATOUAGE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009

Autres références

  • CORPS - Données anthropologiques

    • Écrit par
    • 4 266 mots
    ...situer d'emblée l'appartenance ethnique ou la position sociale d'un individu. Afin de différencier « Nous » et « Eux », de nombreuses sociétés pratiquent le marquage ethnique : peintures corporelles dans les sociétés sud-américaines, tatouages et scarifications dans les sociétés africaines, procédés qui peuvent...
  • COULEURS, histoire de l'art

    • Écrit par
    • 10 328 mots
    • 2 médias
    ...dans certaines sociétés, les exclus, les bannis et leur donnent ainsi une cohésion. Pratique qui s'est maintenue dans la peinture du corps ou dans le tatouage qui sert à distinguer un groupe. En 1955, Claude Lévi-Strauss observe que, chez les primitifs d'Amérique latine, il fallait se peindre le corps...
  • CREEK

    • Écrit par
    • 856 mots

    Tribu indienne d'Amérique du Nord, qui parlait une langue muskogean et occupait à l'origine une très grande partie des plaines de Georgie et d'Alabama. Le mode de subsistance des Creek reposait principalement sur la culture du maïs, des haricots et des courges ; les femmes s'occupaient surtout...

  • MUTILATIONS RITUELLES

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    Pratiques qui consistent à couper, séparer, détruire ou déformer de quelque manière une partie du corps, les mutilations rituelles modifient la situation sociale ou la personnalité d'un individu d'une façon visible et reconnaissable par les membres de la société à laquelle il appartient. Ces...