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STRONGYLOÏDOSE ou ANGUILLULOSE

Parasitose humaine due à la présence dans l'intestin d'un petit ver rond nématode, Strongyloides stercoralis, ou anguillule. Le cycle biologique de ce parasite est très voisin de celui de l'ankylostome. Il est répandu dans les régions tropicales d'Amérique (Antilles notamment), d'Asie et d'Afrique, mais il peut exister sous climat tempéré puisque certains foyers d'infestation ont été localisés soit dans des mines, soit dans des centres de transit.

La forme parasite est représentée par les femelles parthénogénétiques (vers de 2 mm de long) vivant profondément enfouies dans la muqueuse duodénale. Les œufs pondus dans la paroi intestinale donnent naissance à des larves rhabditoïdes de 250 micromètres de longueur, très mobiles, qui gagnent la lumière du tube digestif, et sont rejetées dans le milieu extérieur. Deux cycles sont alors possibles :

– Dans le cycle court (conditions défavorables du milieu : température de 15 0C environ), les larves, après une mue dans l'eau ou la boue, se transforment directement en larves strongyloïdes infestantes.

– Dans le cycle long (conditions favorables du milieu : température supérieure à 20 0C), les larves se transforment après quatre mues en adultes libres mâles et femelles qui s'accouplent, toujours dans le milieu extérieur, pondent et donnent des larves rhabditoïdes de « deuxième génération ». Celles-ci deviennent des larves strongyloïdes infestantes.

Comme dans l'ankylostomose, les larves infestantes pénètrent chez leur hôte par voie cutanée après une marche dans la boue ou des bains de rivière et même de piscine (les larves supportent la javellisation) ; le contact domiciliaire avec un sujet infesté peut même suffire à transmettre l'anguillulose. Après la pénétration, les larves migrent à travers l'organisme : par voie lymphatique, puis sanguine, elles arrivent au poumon, et de là passent dans les bronches, la trachée et l'œsophage, pour gagner enfin l'intestin. À côté de ce mode habituel de transmission, il peut se produire une réinfestation par voie interne : les larves rhabditoïdes se transforment dans l'intestin même en larves infestantes, assurant l'auto-infestation du malade ; ainsi s'explique la chronicité désespérante de la maladie.

La strongylose est une affection du bétail due au parasitisme par des nématodes du groupe des strongles et n'a rien à voir avec la strongyloïdose humaine. Le parasitisme de l'homme par des strongles est tout à fait exceptionnel. Ces nématodes du bétail sont des proches parents des ankylostomes humains et n'ont guère de rapport avec les anguillules.

Le tableau clinique de l'anguillulose passe par les mêmes phases que l'ankylostomose : accidents cutanés, à la pénétration ; signes pulmonaires, souvent discrets ; et enfin troubles intestinaux (douleurs, diarrhée). Mais le retentissement sur l'état général est souvent assez peu marqué ; en particulier, il n'y a pas d'anémie, car l'anguillule n'est pas hématophage. Le taux des polynucléaires éosinophiles augmente d'une façon considérable et évolue capricieusement.

Le diagnostic est évoqué en raison de l'éosinophilie sanguine. L'examen des selles, après enrichissement selon la technique de Baermann, recherche les larves rhabditoïdes, mobiles, provenant des œufs émis dans le duodénum. Les diverses méthodes d'examen des selles échouent parfois ; on recourt alors à la coproculture. Le traitement est souvent difficile du fait de l'incrustation du ver dans la muqueuse ; les rechutes sont de ce fait fréquentes. On fait appel au thiabendazole, drogue très active. La prophylaxie, dominée par le péril fécal, se compare à celle de l'ankylostomose.

— Yves GOLVAN

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de médecine de Paris-Saint-Antoine, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

Yves GOLVAN. STRONGYLOÏDOSE ou ANGUILLULOSE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • NÉMATHELMINTHES

    • Écrit par Alain KERMARREC
    • 7 037 mots
    • 3 médias
    b) Le strongle de l'homme, Strongyloides stercoralis, subit une alternance de générations parthénogénétiques et sexuées (hétérogonie). La forme parasite strongyloïde, à femelles parthénogénétiques, pond dans l'intestin des œufs donnant des larves rhabditoïdes éliminées avec les selles. Après les...

Voir aussi