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ANKYLOSTOMOSE

Parasitose intestinale due à deux espèces très voisines de vers ronds (nématodes) : Ancylostoma duodenale et Necator americanus. Elle est très répandue sous les tropiques, où elle prend un aspect endémique (600 millions de sujets parasités, en 1962, d'après l'O.M.S.) ; dans les zones tempérées, il en existe de petits foyers dans des microclimats favorables (mines, tunnels).

Les ankylostomes sont des vers hématophages de petite taille (10 à 15 mm), qui vivent fixés par leur capsule buccale à la muqueuse duodénojéjunale ; un même sujet peut en héberger plusieurs milliers. Le cycle du parasite comporte une phase dans le milieu extérieur et une autre dans l'organisme humain. Les œufs pondus dans l'intestin sont éliminés dans la nature ; ils s'embryonnent et éclosent en libérant des larves non infestantes, qui doivent poursuivre leur évolution dans le milieu extérieur pour devenir, en deux à huit jours, des larves strongyloïdes, infestantes, mesurant de 500 à 600 μ de long. Celles-ci pénètrent activement dans l'organisme humain à travers la peau des pieds et des mains, à la faveur d'un contact avec de la boue ou de l'eau contaminée. Elles vont alors parcourir dans l'organisme un chemin très complexe : arrivées au poumon par la circulation lymphatique puis sanguine, elles passent dans les bronches et la trachée, redescendent dans l'œsophage et atteignent l'intestin, où elles deviendront adultes et s'accoupleront trois à quatre semaines après la contamination.

Les troubles entraînés sont fonction de l'importance de l'infestation ; ils varient de la forme latente (porteur sain) à la forme sévère observée surtout sous les tropiques et aggravée par les carences alimentaires, la malnutrition et les infections microbiennes ou parasitaires associées. La symptomatologie comprend trois aspects, correspondant aux différents stades de l'infestation. Les lésions cutanées, très prurigineuses (« gourme des mineurs », « dermite vermineuse »), sont provoquées par la pénétration des larves. Deux ou trois jours plus tard s'installe la phase trachéo-pulmonaire (toux sèche, dysphonie, angine, troubles auditifs, et parfois crises d'asthme), qui correspond au passage des larves dans les voies aériennes. Enfin apparaissent les signes digestifs (diarrhée, douleurs abdominales, amaigrissement), s'accompagnant d'une anémie par carence martiale liée aux hémorragies minimes subintrantes ; sa gravité est donc d'autant plus importante que le nombre de parasites est élevé et que les réinfestations sont nombreuses. L'éosinophilie sanguine, élevée lors de la migration larvaire, décroît par la suite. Le diagnostic est facilement affirmé par la constatation des œufs dans les selles.

Non traitée, l'ankylostomose peut, dans les cas graves, évoluer vers la mort. Le traitement doit associer les médicaments spécifiques (en particulier hydroxynaphtoate de béphénium) et la thérapeutique symptomatique de l'anémie (surtout administration de fer par voie buccale). La prophylaxie, fondée sur l'assainissement des eaux et les traitements de masse de la population, peut permettre une amélioration de la situation dans les zones de grande endémie ; l'intérêt individuel de ces mesures se double d'un intérêt économique, une grande partie de la population des régions les plus touchées étant inapte au travail, du fait du retentissement sur l'organisme de cette parasitose.

— Jacques BEJOT

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Écrit par

  • : docteur en médecine, chef de service du laboratoire de microbiologie à l'hôpital de Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Jacques BEJOT. ANKYLOSTOMOSE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • STRONGYLOÏDOSE ou ANGUILLULOSE

    • Écrit par Yves GOLVAN
    • 658 mots

    Parasitose humaine due à la présence dans l'intestin d'un petit ver rond nématode, Strongyloides stercoralis, ou anguillule. Le cycle biologique de ce parasite est très voisin de celui de l'ankylostome. Il est répandu dans les régions tropicales d'Amérique (Antilles notamment), d'Asie...

Voir aussi