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KIMBANGU SIMON (1889 env.-1951)

Né au Congo belge dans la province de Léopoldville, Simon Kimbangu essaie sans succès de devenir catéchiste dans une mission baptiste. Ouvrier dans les huileries de Kinshasa vers 1920, il est en contact avec des militants américains anticolonialistes. De retour dans son village natal de Nkamba en avril 1921, il commence à prêcher le Royaume de Dieu et l'observance de la monogamie. Il se révèle comme thaumaturge et multiplie les guérisons. Nkamba devient le centre d'un pèlerinage permanent et se voit désigner par Kimbangu comme la Nouvelle Jérusalem. Celui-ci promet le retour du Christ sur terre et l'avènement d'un nouvel âge d'or. Certains de ses disciples ayant donné une coloration anticolonialiste au mouvement, les autorités belges s'inquiètent. Kimbangu prend le maquis en juin, mais se laisse arrêter en septembre 1921. Condamné à mort puis gracié, il demeure en prison jusqu'à sa mort. Mais son souvenir reste vivace : dès 1921, divers mouvements religieux se réclament de Kimbangu et de son enseignement. Ces sectes et mouvements messianiques partagent un même fonds de croyances, où le culte des ancêtres voisine avec l'héritage biblique et baptiste. Simon y est tantôt le simple prophète de Jésus pour les Noirs, tantôt le nouveau Messie noir supplantant le Christ blanc des colons. Après trente-cinq ans de persécutions et de clandestinité, le kimbanguisme sort de l'ombre sous l'influence des fils de Simon. À la veille de l'indépendance du Congo belge (1960), sa branche « officielle » devient l'Église de Jésus-Christ sur la terre selon Simon Kimbangu (E.J.C.S.K.), se structure et grandit, regroupant plusieurs centaines de milliers de fidèles au Congo-Kinshasa et dans la région de Brazzaville (république du Congo). Elle est la première Église noire à être admise au Conseil œcuménique des Églises (1969). Après s'être organisée et avoir épuré son dogme et sa liturgie, elle perd sa force novatrice et contestataire et devient d'ailleurs un partenaire du nouveau pouvoir zaïrois.

— Antoine LION

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Écrit par

  • : chargé de cours à l'Institut catholique de Paris

Classification

Pour citer cet article

Antoine LION. KIMBANGU SIMON (1889 env.-1951) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Religions

    • Écrit par Marc PIAULT
    • 9 619 mots
    • 1 média
    Au Congo belge,Simon Kibangou est pris comme sauveur et ses adeptes attendent de lui qu'il réalise l'unité des Noirs. C'est dès lors une profonde revendication nationaliste qui s'exprime par la voie religieuse, seule autorisée par la contrainte coloniale. Au Congo français, André Matswa fonde une association...
  • CONGO RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU

    • Écrit par Universalis, Jules GÉRARD-LIBOIS, Henri NICOLAÏ, Patrick QUANTIN, Benoît VERHAEGEN, Crawford YOUNG
    • 24 917 mots
    • 13 médias
    ...Les deux mouvements les plus connus furent l'Église kimbanguiste et le Kitawala. Le kimbanguisme naquit dans le Bas-Congo en 1921, lorsque le prophète Simon Kimbangu eut ses premières visions et émit son message messianique. L'Église kimbanguiste se développa rapidement et, en 1923, sous une forte pression...
  • SORCELLERIE

    • Écrit par Denise PAULME, Bernard VALADE
    • 4 734 mots
    • 2 médias
    ...Toutefois, à l'analyse, les échantillons prélevés se sont révélés être inoffensifs. Parmi d'autres procédés, on peut citer celui du prophète congolais Simon Kimbangu qui, baptisant ses adeptes dans une rivière, identifiait les sorciers en puissance d'après la manière dont l'eau se répandait sur leur chevelure....

Voir aussi