Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SIGILLOGRAPHIE

Technique du sceau

Matériau dur gravé en creux, matériau tendre qui en reçoit l'empreinte, telle est la définition classique du sceau sous sa double forme, matrice et exemplaires identiques qui en sont issus.

Les types de matrices

À l'aube de toute civilisation se trouve le sceau ou, d'une façon plus générale, un signe matériel, tangible de l'engagement pris, du contrat conclu.

Bague-sceau, art minoen - crédits :  Bridgeman Images

Bague-sceau, art minoen

Bague-cachet, art mycénien - crédits :  Bridgeman Images

Bague-cachet, art mycénien

Sceau-cylindre et son empreinte - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Sceau-cylindre et son empreinte

Le Moyen-Orient, creuset de la culture occidentale, employait le sceau de pierre au IVe millénaire avant J.-C., puis le cylindre-sceau et le cachet de métal. Les cylindres-sceaux étaient déroulés sur l'argile des tablettes ou sur les bords des enveloppes également d'argile pour les clore, pour établir l'origine et authentifier ce qui était consigné dans le texte.

La Bible contient le mot sceau maintes fois. Nulle part il n'est employé avec plus de poésie que dans le Cantique.

Les chatons des bagues-scarabées égyptiennes étaient gravés sur leur face interne et pouvaient pivoter sur leur axe pour servir de sceau.

Les Crétois scellaient également avec des cachets. Les potiers, dans une pratique voisine, marquaient leurs œuvres de textes en relief qu'ils imprimaient dans l'argile fraîche.

Les Romains héritèrent des Grecs, entre autres techniques artistiques, l'art de la glyptique : parfois des camées, en relief, ont été imprimés sur la cire en guise de sceaux.

Les chancelleries byzantines ont utilisé un appareil en forme de pince pour imprimer le plomb : ce métal a connu un grand succès, puisque la «   bulle » de plomb des papes a donné son nom au document, tandis qu'en français l'on dit encore « wagon plombé », « compteur plombé » pour scellé.

Les Mérovingiens, habiles à couler le métal et à travailler les bijoux, ont employé des « anneaux sigillaires » en or ou en bronze. L'exploration des tombes de cette époque en met fréquemment au jour.

Les Carolingiens, par fidélité à l'Antiquité classique, remirent en faveur la pierre gravée enchâssée dans une bague. Des études récentes montrent que ces pierres n'étaient pas toujours antiques : le Jupiter Sérapis de Charlemagne l'était peut-être ; les bustes de Charles le Chauve furent, au contraire, gravés par des artistes contemporains.

Lorsque le chaton de la bague s'amplifie, pour ne plus représenter seulement la tête ou le buste, mais le roi vu à mi-corps ou assis sur un trône, il se détache de l'anneau et devient en France, sous les premiers Capétiens, un sceau dans toute l'acception du terme. Ce sceau matrice est alors muni d'organes de préhension et de suspension. Soigneusement gardé pendant sa période d'utilisation, il est souvent détruit à la mort de son titulaire ou placé dans sa tombe.

Matière et forme des empreintes

L'argile, la cire, le plomb, exceptionnellement l'or, sont les matériaux employés depuis six mille ans. On ne saurait énumérer toutes les formes prises, pendant une si longue période et dans tant de pays, par les sceaux ; quelques exemples donneront une idée de leur variété. L'argile a servi pour sceller des jarres. La cire d'abeille a été utilisée pendant deux mille ans environ, jusqu'à ce que les résines végétales, venues d'Amérique, permettent la fabrication de la cire d'Espagne. Le plomb, dont l'emploi domine à Byzance et à la chancellerie pontificale, a été utilisé occasionnellement par des seigneurs et dignitaires ecclésiastiques méridionaux aux xiie et xiiie siècles.

Des sceaux d'or ont été frappés sous certains empereurs germaniques. Par contre, la célèbre bulle d'or d'Henri VIII d'Angleterre n'est pas à proprement parler un sceau ; il s'agit d'une œuvre d'orfèvrerie et non d'un exemplaire issu parmi d'autres d'une même matrice.

En France, du vie au xie siècle, les[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Yves METMAN. SIGILLOGRAPHIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Bague-sceau, art minoen - crédits :  Bridgeman Images

Bague-sceau, art minoen

Bague-cachet, art mycénien - crédits :  Bridgeman Images

Bague-cachet, art mycénien

Sceau-cylindre et son empreinte - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Sceau-cylindre et son empreinte

Autres références

  • GLYPTIQUE

    • Écrit par Mathilde AVISSEAU, Josèphe JACQUIOT
    • 5 306 mots
    • 3 médias
    ...à la décoration des croix, des châsses, des reliquaires, des calices et des ciboires, voire des vêtements sacerdotaux et des évangéliaires. En outre, elles conservèrent leur antique usage de sceaux : certains actes des rois Pépin et Carloman furent même scellés avec des gemmes représentant Auguste, Diane,...
  • HÉRALDIQUE

    • Écrit par Michel PASTOUREAU
    • 6 531 mots
    C'est essentiellement par l'usage dusceau que cet emploi des armoiries s'est étendu aux non-combattants. Très tôt, en effet, les chevaliers ne se contentèrent pas de faire peindre les armoiries qu'ils avaient adoptées sur leur bouclier ; ils les firent également figurer sur leur bannière...
  • PERSE - Arts

    • Écrit par Pierre AMIET, Ernest WILL
    • 11 914 mots
    • 28 médias
    ...appelons des tablettes. Il restait à les définir par des signes d'écriture proprement dite, à peine attestés à Suse, mais pleinement élaborés à Uruk. Ces documents étaient garantis par l'apposition de sceaux désormais cylindriques qui furent le vrai banc d'essai des autres arts graphiques. À côté des...

Voir aussi