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SÉRIES TÉLÉVISÉES

Une globalisation du marché des séries

L’entrée dans l’ère numérique a accéléré deux tendances fortes : la production de séries originales à l’échelle locale et leur circulation à travers le monde. Cette évolution résulte d’une poussée des plateformes de SVOD qui, dans les années 2000 et 2010, se sont multipliées aux États-Unis pour faire concurrence à Netflix (créée en 1997), devenu leader du marché mondial du streaming : Hulu, Amazon Prime Video, Disney +, Apple TV +, HBO Max, etc. En rendant leurs programmes accessibles à tout moment au sein de catalogues qui se doivent d’être très fournis, ces plates-formes accumulent les projets au point qu’est née l’expression Peak TV, qui désigne l’ascension vers un pic de production qui ne cesse pourtant de s’éloigner. Dans le même temps, ces nouveaux diffuseurs s’inscrivent dans une logique de réduction progressive du volume moyen des séries : si une saison pouvait atteindre jusqu’à 39 épisodes après la Seconde Guerre mondiale, ce nombre est passé à 26 à la fin des années 1960, puis à 22-24 entre les années 1970 et 1990. L’émergence du câble a entraîné une nouvelle réduction, le volume moyen passant à 13 épisodes à la fin des années 1990, puis à 10 épisodes ou moins dans les années 2010.

Plus ramassées, plus éphémères, les séries américaines deviennent également plus flexibles en termes de durée d’épisode. Traditionnellement, aux États-Unis, un épisode de comédie dure 30 minutes et un épisode de série dramatique 60 minutes (publicité incluse). L’absence de coupures publicitaires et de grilles de programmes diffusés à heures fixes laisse cependant à certaines plates-formes la possibilité d’accueillir des épisodes de durée très variable au sein d’une même saison. Depuis que Netflix a mis en ligne simultanément tous les épisodes de la première saison de House of Cards en 2013, la périodicité de diffusion des séries américaines est également remise en question : certains concurrents suivent ce modèle à rebours du « rendez-vous » télévisuel, d’autres reprennent celui d’une diffusion « au compte-gouttes », à raison d’un épisode par semaine. En France, des chaînes comme Canal + ou Arte optent pour une solution hybride : toute la saison est accessible en ligne le même jour, mais seuls deux ou trois épisodes sont diffusés chaque semaine à la télévision (cinq dans le cas particulier d’En thérapie, série d’Arte adaptée de BeTipul, la production israélienne déjà mentionnée).

Le souci d’expansion des plateformes de SVOD américaines plaide en faveur d’une globalisation de la production et de la réception de séries dites « télévisées » (alors qu’elles ne sont plus forcément regardées sur un écran de télévision). Les voies numériques permettent d’organiser des sorties simultanées, là où des supports physiques comme la VHS, le DVD et le Blu-ray impliquaient un temps de retard sur la première diffusion. La reprise de fictions d’abord diffusées à la télévision peut en outre leur assurer une très grande visibilité, à l’image de la série espagnole La casa de papel (2017-2021), diffusée localement entre mai et novembre 2017 sur Antena 3, puis distribuée à travers le monde par Netflix à la fin de la même année. De plus en plus médiatisées, les séries télévisées sont devenues omniprésentes, mobiles et regardées par des publics de tous âges. Leur nombre ne cesse d’augmenter, même si la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 n’a pas manqué de freiner leur production.

— Benjamin CAMPION

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Écrit par

  • : docteur en études cinématographiques et audiovisuelles, enseignant contractuel à l'université Paul-Valéry-Montpellier III

Classification

Pour citer cet article

Benjamin CAMPION. SÉRIES TÉLÉVISÉES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>Urgences</em>, M. Crichton - crédits : Amblin Entertainment/ Urgences/ Bridgeman Images

Urgences, M. Crichton

« Buster » Crabbe dans <it>Flash Gordon</it> - crédits : Universal Pictures

« Buster » Crabbe dans Flash Gordon

<em>Dallas</em>, D. Jacobs - crédits : Everett Collection/ Aurimages

Dallas, D. Jacobs

Autres références

  • BERGER JOHN (1926-2017)

    • Écrit par Catherine BERNARD
    • 838 mots

    Fils d’un émigré hongrois et d’une Londonienne longtemps active auprès des suffragettes, John Berger naît le 5 novembre 1926 à Stoke Newington, dans la banlieue nord de Londres. Artiste protéiforme ‒ peintre, dessinateur, romancier, essayiste, scénariste, poète ‒, il débute son éducation artistique...

  • BLUWAL MARCEL (1925-2021)

    • Écrit par Isabelle DANEL
    • 699 mots
    • 1 média

    Comme Stellio Lorenzi, Claude Barma et Claude Loursais, Marcel Bluwal fut l’un des pionniers de la télévision française. On lui doit notamment des dramatiques en direct qui firent date, des feuilletons mémorables et de grandes adaptations de textes du répertoire.

    Fils unique d’Henri et Eda Bluwal,...

  • CAMPILLO ROBIN (1962- )

    • Écrit par René PRÉDAL
    • 808 mots
    • 1 média

    Tout à la fois monteur, scénariste et auteur-réalisateur, Robin Campillo est né le 16 août 1962 à Mohammédia au Maroc. Il fait ses études à Aix-en-Provence et intègre, au milieu de la décennie 1980, l’IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques) où il rencontre Laurent Cantet...

  • CINÉMA (Cinémas parallèles) - Le cinéma d'animation

    • Écrit par Bernard GÉNIN, André MARTIN
    • 17 657 mots
    • 6 médias
    Pendant une bonne décennie (les années 1970), l'animation japonaise s'est vue réduite à un genre qui se résume à sa propre caricature : la « série-télé », avec Goldorak pour les garçons, Candy pour les filles. D'un côté, le cyborg hérissé d'armes redoutables, icône d'un...
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Voir aussi