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GARANT SERGE (1929-1986)

Figure marquante de la musique québécoise du xxe siècle, Serge Garant (né à Québec le 22 septembre 1929) s'initie très tôt à la clarinette, au saxophone et au piano. Mais c'est avec la clarinette qu'il débute sa carrière professionnelle. Entre 1946 et 1950, il continue ses études de piano avec Yvonne Hubert, tout en suivant des cours de composition avec Claude Champagne au conservatoire de Montréal. Ses premières œuvres voient le jour en 1948. C'est à cette époque qu'il prend connaissance des musiques de Schönberg et de Webern. En 1951, il vient à Paris afin de travailler l'analyse avec Olivier Messiaen et le contrepoint avec Andrée Vaurabourg-Honegger ; il découvre à cette occasion les œuvres de Stockhausen et de Boulez.

De retour l'année suivante au Québec, Garant compose sa première partition déterminante, Pièce no 1, pour piano (1953), ainsi que des Variations (1954) – toujours pour piano – et des mélodies pour ténor et piano : Concerts sur terre (1951-1952), cycle de cinq lieder sur des poèmes de Patrice de La Tour du Pin ; Et je prierai ta grâce (1952), sur un texte de Hector de Saint-Denys Garneau ; Caprices (1954), sur quatre poèmes de Federico García Lorca.

En 1955, Serge Garant signe la première œuvre mixte de la musique canadienne, Nucléogame, pour bande magnétique et septuor (flûte, hautbois, clarinette, cor, trompette, trombone et piano). Pour gagner sa vie, il se met à composer de la musique légère, à faire des arrangements, à écrire des articles et à réaliser des émissions de radio. C'est ainsi qu'il débute la direction d'orchestre. Avec Gilles Tremblay, François Morel, Jeanne Landry et Otto Joachim, il fonde en 1956 le groupe Musique de notre temps, qui donne des concerts de musique contemporaine au conservatoire de Montréal. En 1958, il compose Asymétries no 1, pour piano – une œuvre où rythmes, sons, intensités, attaques et tempos sont totalement organisés –, suivie en 1959 d'Asymétries no 2, œuvre aléatoire pour clarinette et piano. Suit un silence de deux ans, dont il sort avec une page très libre de ton, d'écriture, et usant de quelques approximations concernant la notation ou la durée, Anerca (« L'Âme »), pour soprano et ensemble sur deux poèmes esquimaux (1961, révisée en 1963). C'est d'ailleurs avec cette œuvre qu'il conquiert la reconnaissance, le 3 août 1961, à Madrid, lors d'un concert de la Semaine internationale de musique actuelle où Mauricio Kagel la dirige, en présence de John Cage et de Morton Feldman.

À Paris, sa notoriété naissante conduit le Domaine musical à programmer une de ses œuvres en 1961, et ce n'est autre que Claude Helffer qui assure la création européenne d'Asymétries no 1.

Nommé professeur de composition et d'analyse à la faculté de musique de l'université de Montréal en 1967, sa triple activité de pédagogue, de chef d'orchestre et de compositeur le propulse aux postes d'avant-garde des activités de musique contemporaine canadienne. En 1966, il participe à la fondation de la Société de musique contemporaine du Québec (S.M.C.Q.), dont il assurera la direction jusqu'à sa mort.

Après avoir écrit Cage d'oiseau, pour soprano et piano (1962), Pièce pour piano no 2 (qui reprend Cage d'oiseau, mais pour piano seul, 1962), Ouranos, pour orchestre (1963), Ennéade, pour orchestre (1964), Serge Garant s'arrête à nouveau de composer pour écrire des arrangements et diriger des émissions de variétés. Et c'est pour répondre à une commande du pavillon de la Jeunesse de l'Exposition universelle de Montréal (1967) qu'il reprend la plume afin de composer Phrases I, œuvre dans laquelle il propose dix séquences composées rigoureusement mais dont l'ordre demeure aléatoire (une des séquences synthétise en une sorte de coda le total[...]

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Écrit par

  • : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio

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Pour citer cet article

Alain FÉRON. GARANT SERGE (1929-1986) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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