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STEINBERG SAUL (1914-1999)

L'humour de l'art

Tandis qu'il voyage en Angleterre, en France, en Italie, en Allemagne, son premier album, All in Line, qui reprend ses dessins de presse, est édité en 1945 et rencontre un immense succès. En 1946, il devient correspondant du New Yorker au procès de Nuremberg. The Art of Living (1949) confirme l'originalité de son talent humoristique : le trait s'amuse à styliser les incongruités du quotidien d'une Amérique qu'il découvre à la faveur de fréquents voyages. Sa première exposition personnelle a lieu à Paris en 1953 à la galerie Maeght avec laquelle il collaborera régulièrement durant toute sa carrière. Dès lors, bien que marginal, il s'inscrit dans le monde de l'art.

Steinberg perçoit la réalité comme l'expression de l'art dans les choses. Une posture qui le relie au pop art sans cependant l'y résumer, car pour Steinberg l'imagination est à l'origine de la forme des faits. Son travail de et sur l'expression plastique implique également que « les bons dessins doivent avoir une sorte d'équilibre particulier fait de tensions inattendues et de coïncidences prévues. Un équilibre inventé ». Ainsi, dans l'album Passport (1954), la bureaucratie tatillonne à laquelle il a été confronté resurgit sous la forme esthétisée de faux documents, faux timbres officiels, fausses calligraphies... Édité par Gallimard, Dessins (1956) propose des extraits de ses précédents ouvrages. Quant à l'album Labyrinthe (1960), il paraît en écho à une œuvre collective réalisée en 1954 avec des architectes italiens et son ami Alexander Calder pour la triennale de Milan. Toujours curieux d'autres horizons, Steinberg sillonne le monde, fuyant une dépression accentuée au fil des années par la mort de ses proches et, après la séparation d'avec sa femme en 1960, par la fragilité psychique de sa compagne Sigrid Spaeth qui se suicidera en 1996. « La vie d'un homme créatif est conduite, dirigée et contrôlée par l'ennui. Éviter l'ennui est l'un de nos principaux objectifs. C'est aussi l'un des plus difficiles, parce que l'amusement doit être toujours renouvelé et à son meilleur niveau. Nous sommes dans une sorte de spirale où le cercle le plus élevé est aussi le plus étroit... »

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Pour citer cet article

Nelly FEUERHAHN. STEINBERG SAUL (1914-1999) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques

    • Écrit par François BRUNET, Éric de CHASSEY, Universalis, Erik VERHAGEN
    • 13 464 mots
    • 22 médias
    SaulSteinberg, l'illustrateur attitré de l'hebdomadaire The New Yorker, propose pour sa couverture de l'édition du 19 mai 1962 une allégorie des Beaux-Arts au cœur de laquelle un aigle symbolisant l'école de New York prend appui, à défaut de la piétiner, sur une guitare censée représenter...
  • SATIRIQUE DESSIN

    • Écrit par Gilbert LASCAULT
    • 2 900 mots
    Les recherches de l'Américain Saul Steinberg ont une autre orientation. Il travaille les codes graphiques, met en doute nos manières de lire une image, il trouble ainsi nos habitudes de percevoir. Dans The Labyrinth, les aventures d'une ligne horizontale obligent à une véritable gymnastique de l'esprit...

Voir aussi