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RICHARDSON SAMUEL (1689-1761)

Sans cet imprimeur, petit-bourgeois typique de la Cité de Londres, le développement du roman anglais, et avec lui des romans européens, eût, sans doute, été retardé de plusieurs années. Il en a donné la première formule en montrant les tensions psychologiques et morales chez des êtres mis dans une situation telle que leurs relations et tout leur psychisme sont le jeu de conflits terribles, où s'affrontent les forces sociales et les exigences profondes des individus, tant sentimentales que morales et religieuses.

Une vocation tardive

La vie de Samuel Richardson est sans éclat. Fils d'artisan, né dans le Derbyshire, il vient à Londres et fait son apprentissage d'imprimeur. Ayant épousé la fille de son patron, il s'établit à son tour ; ses affaires sont prospères et, consécration du succès professionnel, il deviendra maître de sa corporation. Veuf en 1731, il épousera la fille d'un confrère.

<it>Clarissa Harlowe</it> - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Clarissa Harlowe

Il écrit d'abord quelques articles et des réflexions morales dans les journaux qu'il imprime. Puis il publie son Vade-Mecum de l'apprenti (The Apprentice's Vade Mecum, 1734) et une sorte de « Parfait Secrétaire » (Familiar Letters on Important Occasions, 1741). Dans ces deux ouvrages, il montre une grande curiosité pour les problèmes de la vie quotidienne et exalte les vertus chrétiennes et bourgeoises qui l'ont mené au succès. Déjà, le second de ces livres préfigure ses romans. Ceux-ci sont au nombre de trois : Pamela, ou la Vertu récompensée (Pamela, or Virtue Rewarded, 1741), Clarissa Harlowe (1747-1748) et L'Histoire de sir Charles Grandison (The History of sir Charles Grandison, 1754).

Le premier de ces romans devait déclencher les sarcasmes de Henry Fielding et pousser celui-ci à écrire un anti-Pamela, The History of Joseph Andrews. La carrière des deux grands écrivains est étrangement parallèle. Si Richardson, quelque peu hautain et infatué de lui-même, n'aima jamais son rival, il ne fut pas sans l'influencer. Fielding ne loue pas moins Clarissa Harlowe que ne devait le faire Diderot, et Richardson, dans Sir Charles Grandison, n'oublie ni Tom Jones, ni Amelia. Richardson mourut à Londres entouré d'honneurs.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Jean DULCK. RICHARDSON SAMUEL (1689-1761) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Clarissa Harlowe</it> - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Clarissa Harlowe

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature

    • Écrit par Elisabeth ANGEL-PEREZ, Jacques DARRAS, Jean GATTÉGNO, Vanessa GUIGNERY, Christine JORDIS, Ann LECERCLE, Mario PRAZ
    • 28 170 mots
    • 30 médias
    ...détails qui ne sont pas essentiels à l'intelligence d'un conte, mais contribuent puissamment à créer une atmosphère : c'est là sa découverte. À Samuel Richardson (1689-1761), le créateur du roman épistolaire, on doit surtout le thème de la demoiselle persécutée (Clarissa, or the History of...
  • FIELDING HENRY (1707-1754)

    • Écrit par Alexandre MAUROCORDATO
    • 2 016 mots
    À ce genre capital, Fielding est venu assez tard, par la voie détournée du pastiche. Pamela (Pamela, or Virtue Rewarded, 1740) de Samuel Richardson l'avait exaspéré. À ce modèle de vertu féminine non dépourvue de calcul, il s'est avisé d'opposer, en la personne de son frère Joseph, un modèle de...

Voir aussi