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KIPLING RUDYARD (1865-1936)

Rudyard Kipling est de nature un écrivain jeune, et cela pour plusieurs raisons. Par tempérament il a toujours eu le sérieux, l'intransigeance morale, l'insatiable curiosité de l'adolescence et surtout son goût du jeu. Il est arrivé au-delà des frontières de l'Angleterre à une notoriété voisine de la gloire à un âge où la plupart des écrivains débutants cherchent encore à se faire entendre. Enfin il a été sauvé d'un injuste oubli par la mémoire des enfants qui furent toujours ses lecteurs de prédilection.

Le « petit d'homme »

Avec une humilité caractéristique il a dit de lui-même que le Destin avait distribué les cartes et qu'il ne lui était resté qu'à les jouer. Pour conserver la métaphore, le jeu était beau, mais la partie difficile. Fils d'un artiste qui devait devenir conservateur du musée de Lahore et d'une femme alliée à certaines des célébrités littéraires et artistiques du temps, le jeune Rudyard disposait d'un milieu d'incubation exceptionnel. Né à Bombay, il fut cependant arraché à une existence choyée dès l'âge de six ans pour aller recevoir son éducation en Angleterre. C'était l'usage des Anglo-Indiens, et il se justifiait autant par le climat que par l'insuffisance (plus sociale que pédagogique) des établissements d'enseignement existant en Inde.

Les onze ans de séparation qui suivirent ont marqué Kipling moralement, affectivement, physiquement même. On en trouve des échos dans des nouvelles comme celles du recueil Wee Willie Winkie (1888), notamment « Baa Baa, Black Sheep », et des romans comme La Lumière qui s'éteint (The Light that Failed, 1891) ou Stalky and Co (1899).

Les études de Kipling furent brèves et ne se terminèrent ni dans une université, ni dans un collège réputé. A dix-sept ans, il retourna en Inde pour devenir journaliste à la Civil and Military Gazette de Lahore. Plus tard, il fut rédacteur en chef adjoint du Pioneer d'Allahabad et le resta jusqu'à son retour en Europe en 1888. Durant ces six années, il accumula le prodigieux trésor de connaissances, d'expériences, d'impressions sur l'Inde qui devait être pendant de longues années la source de son inspiration. Son père l'initia au folklore, à la vie des animaux, à la nature.

Pourtant, c'est l'étroite société anglo-indienne qui fut le cadre de ses premiers récits, les Simples Contes des collines (Plain Tales from the Hills, 1887), qui furent suivis de plusieurs autres, ainsi que de recueils de poèmes. Les contes de Kipling furent pour la plupart publiés localement, mais certains parurent dans l'édition du Pioneer destinée à la métropole, ce qui lui créa une notoriété qu'il ne soupçonnait pas, dans les milieux influents de son lointain pays.

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Bordeaux-III, directeur de laboratoire associé des sciences de l'information et de la communication

Classification

Pour citer cet article

Robert ESCARPIT. KIPLING RUDYARD (1865-1936) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Rudyard Kipling - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Rudyard Kipling

Autres références

  • KIM, Rudyard Kipling - Fiche de lecture

    • Écrit par Sylvère MONOD
    • 1 137 mots
    • 1 média

    Kim (1901) est de loin le meilleur des trois romans de Rudyard Kipling (1865-1939), maître incontesté du conte et de la nouvelle. Le livre fut rédigé en 1899-1900, à l'époque de la guerre des Boers. Présenter alors l'image d'une Inde heureuse sous une administration britannique protectrice, c'était...

  • LE LIVRE DE LA JUNGLE, Rudyard Kipling - Fiche de lecture

    • Écrit par Jean-François PÉPIN
    • 726 mots
    • 1 média

    Rudyard Kipling (1865-1936) publie en 1894 Le Livre de la jungle (The Jungle Book), et l'année suivante, en 1895, Le Second Livre de la jungle (The Second Jungle Book), considérés comme le chef-d'œuvre de l'auteur qui exalte la supériorité de l'homme sur la nature.

  • ROMAN D'AVENTURES

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 3 878 mots
    • 9 médias
    ...détruit le caractère aventureux des voyages aériens. Il faut en dire autant de la figure de l’aventurier-roi, dont le modèle littéraire fut fixé en 1888 par Kipling dans L’homme qui voulut être roi. Dès le début de son roman, Kipling précise qu’une telle aventure est vouée à disparaître, dans la mesure où...

Voir aussi