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PILES ROGER DE (1635-1709)

Théoricien de l'art du siècle de Louis XIV, Roger de Piles est, avec André Félibien, le polémiste le plus écouté dans le cadre du débat esthétique sur la prééminence du coloris ou du dessin. Grand amateur de peinture, il connaît les meilleurs artistes de son époque. Précepteur de Michel Amelot, il devient son secrétaire particulier et accomplit diverses missions diplomatiques au service de la couronne de France. Ses nombreux voyages, notamment en Hollande où il réside quatre ans, lui offrent l'occasion d'apprécier en connaisseur les arts européens et plus particulièrement Rembrandt et les Néerlandais. En dépit de son penchant pour la peinture, c'est en tant que « conseiller honoraire amateur » qu'il est élu à l'Académie française. Son entrée sur la scène littéraire est marquée par la publication d'une traduction annotée du poème de Du Fresnoy, De arte graphica (1668), qui prône l'« invention » de préférence à l'« exécution », qui n'en constitue que la partie « mécanique ». Dans son Dialogue sur le coloris (1673), Roger de Piles place les maîtres vénitiens au-dessus de Raphaël. Mais c'est Rubens qui emporte vraiment son adhésion, comme en témoigne la Dissertation sur les ouvrages des plus fameux peintres suivie de La Vie de Rubens (1681). Se posant en adversaire de la doctrine des poussinistes, bien formulée par Félibien, il affirme que la couleur, la lumière et l'ombre ont la même valeur que le dessin. Son Cours de peinture par principes suivi de la Balance des peintures (1708), plus encore que l'Idée du peintre parfait (chapitre de tête, livre premier de l'Abrégé de la vie des peintres, 1699), contient les fondements de sa théorie de l'art. Les peintres sont notés en fonction de leur talent dans la composition, le dessin, le coloris et l'expression. Poussin lui paraît trop obsédé par l'Antiquité et mauvais coloriste. En revanche, Sebastiano del Piombo, Bassano, Giorgione, J. Jordaens, Pordenone, Rembrandt, Véronèse, Titien, Van Dyck trouvent grâce à ses yeux pour la qualité de leur couleur et de leur imagination.

— Marc LE CANNU

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Pour citer cet article

Marc LE CANNU. PILES ROGER DE (1635-1709) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • COURS DE PEINTURE PAR PRINCIPES, Roger de Piles - Fiche de lecture

    • Écrit par Martine VASSELIN
    • 1 235 mots

    Cet ouvrage est le dernier d'une série de textes sur l'art que Roger de Piles (1635-1709) a fait paraître à partir de 1667, notamment des apologies de la peinture coloriste prenant pour modèles les tableaux de Rubens de la collection du duc de Richelieu. Quant aux informations historiques,...

  • ART (Le discours sur l'art) - L'histoire de l'art

    • Écrit par André CHASTEL
    • 4 725 mots
    • 1 média
    ...1686-1688), et dans Le Vite de' pittori de G. Bellori (Rome, 1672), tous deux écrivant en fonction du modèle « classique » de la peinture, Poussin. Roger de Piles réagira en faveur d'une doctrine moins stricte et favorable au coloris, c'est-à-dire à Rubens, et s'intéressera davantage à la diversité...
  • CONNAISSEURS

    • Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
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    ...peinture (1604) évoque les connaisseurs, dont les avis font autorité et s'appliquent principalement à l'attribution des œuvres. En France, Roger de Piles publie en 1677 une Conversation sur la connaissance de la peinture et sur le jugement qu'on doit faire des tableaux. Il reprend l'idée...
  • RUBÉNISTES & POUSSINISTES QUERELLE ENTRE

    • Écrit par Guy BELOUET
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