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ROCK INDÉPENDANT

À la fin des années 1960, certains artistes décident de s'affranchir des exigences commerciales des grandes multinationales discographiques en créant leurs propres labels, ce qui leur permet de donner libre cours à leur créativité et de retrouver l'esprit initial du rock, fait avant tout de contestation.

Dans les années 1980, le rock business triomphe. Des artistes comme Phil Collins ou Tina Turner vendent des millions d'albums et remplissent des stades (le mythique Maracanã de Rio de Janeiro pour Tina Turner devant 180 000 personnes le 16 janvier 1988). En 1981, la naissance de la chaîne de télévision musicale M.T.V. renforce encore ce côté production de masse qui semble tuer l'esprit du rock. L'industrie musicale est, depuis quelques années déjà, contrôlée par quelques conglomérats : Sony, Warner, M.G.M.

Pourtant, des irréductibles ont toujours mené la résistance, joué la carte marginale, avec le courant underground, né à la fin des années 1960, et illustré par des groupes emblématiques comme The Velvet Underground puis, quelques années plus tard, les punks, opposés par essence à tout système. Décidant de bouder les majors, ces artistes s'autoproduisent, cherchent de petits labels ou renoncent tout simplement à enregistrer. Cette tradition indépendante, qui prendra de l'importance au fil des années grâce à la démocratisation du rock, finira par convaincre les grosses maisons de disques de créer leurs petites structures (Small chez Sony ou V2 chez Virgin), capables d'accueillir des musiques originales destinées à un public plus restreint.

À l'orée des années 1990, une nouvelle génération de musiciens indépendants débarque ainsi et se positionne contre ces « années-fric ». En 1991, un groupe de Bristol, Massive Attack, publie un album essentiel, Blue Lines. La musique de ce groupe, mélancolique, puise dans les sonorités urbaines noires (hip-hop, soul) et propose des « samples » (le fait de prendre un extrait d'un morceau existant et de le glisser dans sa propre musique). Ces artistes suivent une ligne mélodique souvent très travaillée, que rehausse encore l'électronique. C'est une révélation. Le trip-hop voit le jour et engendre toute sorte de vocations pour la musique hypnotique, un peu rêveuse (Portishead, Morcheeba). La plupart de ces groupes viennent de Bristol, une cité assez métissée du sud-ouest de la Grande-Bretagne comptant de nombreux immigrés jamaïcains. Le rock devient alors un creuset d'influences diverses, de plus en plus colorées. Massive Attack, sorte d'école musicale, révèle de nombreux musiciens (Tricky, Horace « Sleepy » Andy) et finit par créer son propre label indépendant, Melancholic, qui lui permet de donner libre cours à sa conception de la musique.

Pourtant, une question demeure : le rock, le vrai, indépendant ou de masse, existe-t-il toujours ? Certes, les années 1990 n'ont pas tué le rock traditionnel, illustré par des groupes comme le dépressif Nirvana (qui se séparera après le suicide de son leader Kurt Cobain en 1994) ou le planant et électrique Radiohead. Mais aucune de ces deux ambitieuses formations n'était vouée à entrer dans le système des majors, et il faut bien reconnaître que leur succès a paradoxalement rendu fragile la frontière existant entre une musique élitiste et une production à grande échelle.

— Stéphane KŒCHLIN

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Stéphane KŒCHLIN. ROCK INDÉPENDANT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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