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ROCHES (Formation) Érosion et sédimentation

Bilans érosion-sédimentation

L'ablation consécutive aux phénomènes d'érosion n'est pas, en général, directement perceptible, même par des observations portant sur des périodes d'une dizaine d'années. Mais différentes méthodes permettent de la mesurer, aussi bien sur le terrain qu’au laboratoire.

La quantification de l’érosion dépend de différents facteurs tels que l'érosivité des pluies, la résistance du sol, la longueur, la valeur de la pente, les modalités d'utilisation du sol, les pratiques conservatrices et antiérosives, les houles ou les courants de marée par l'aménagement des lits fluviaux ou des littoraux, etc.

Ablation en fonction du relief et du milieu climatique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Ablation en fonction du relief et du milieu climatique

Tous ces facteurs interviennent dans des modèles que nous ne développerons pas ici. Les plus fortes valeurs d’ablation sont atteintes dans les bassins torrentiels de haute montagne où le froid, le relief, l'importance des précipitations, l'absence de végétation impliquent la dominance des processus de fragmentation et de transport mécaniques : l'ablation y dépasse parfois 1 mètre en mille ans.

La figure 3, établie à partir de divers documents, donne un exemple des relations entre les précipitations et l'ablation : elle souligne l'influence de la végétation, facteur inhibiteur de l'accroissement des précipitations. Les zones steppiques apparaissent ainsi comme les plus propices à l'érosion dans les pays d'altitudes faibles ou moyennes.

Les fleuves de plaine, en pays tempérés et en l'absence de cultures intensives, fournissent les valeurs les plus basses de l'ablation (de 1 à 4 cm en 1 000 ans), et le transport en solution domine : c'est ainsi que, en excluant les apports industriels, la Seine transporte de 60 à 70 p. 100 de sa charge sous forme dissoute, pour une ablation de l'ordre de 3 centimètres en mille ans.

Les perturbations introduites par l'homme sont considérables et les régions agricoles se comportent comme des enclaves plus arides. Elles fournissent des apports de 5 à 10 fois plus élevés en moyenne que ceux des bassins incultes voisins et jusqu'à 80 fois plus grands dans les parcelles nues en cours de traitement agraire.

En intégrant les données fournies par les principales régions du globe, il est possible de proposer un bilan mondial de l'érosion : de 2 à 3,5 centimètres en mille ans, selon les auteurs. Cela paraît bien peu mais correspondrait pourtant, en l'absence d'orogenèse, et malgré les rajustements isostatiques, à la disparition totale des continents en moins de 50 millions d'années. Il est nécessaire de tenir compte de telles estimations pour toute tentative d'explication géodynamique du globe.

La relation qu'impose la notion de couple érosion-sédimentation n'est concevable que globalement. Il n'y a de rapports immédiats entre les dépôts et les produits issus des roches mères que s'il y a voisinage. Plus la distance s'accroît entre eux, moins important sera l'héritage perceptible. Les dépôts salins marins sont typiques à cet égard, puisqu'ils résultent d'un tri parmi les nombreux ions issus en partie de la dissolution sur les continents, mais également d'apports volcaniques gazeux, sinon d'un lointain héritage cosmique.

Il convient donc de limiter les possibilités de restitutions paléogéographiques à des exemples relativement clairs. La complexité des interférences entre les facteurs en jeu enlève au principe classique des « causes actuelles » beaucoup de sa valeur. Aussi est-il nécessaire d'adopter les modèles raisonnables qui s'imposent par l'évidence des faits, même s'il ne se trouve pas de cas actuels qui les confirment. À l'inverse, l'homme offre le meilleur exemple d'une cause actuelle, inconnue de la quasi-totalité de l'histoire de la Terre.

— Roger COQUE[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • : professeur à la faculté des sciences de l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directeur du laboratoire de géologie de l'École normale supérieure de Paris

Classification

Pour citer cet article

Roger COQUE et André JAUZEIN. ROCHES (Formation) - Érosion et sédimentation [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009

Médias

Érosion hydrique - crédits : P. Jaccod/ De Agostini/ Getty Images

Érosion hydrique

Monument Valley, 2 - crédits : Y. Gautier

Monument Valley, 2

Érosion et sédimentation sur un bloc continental - crédits : Encyclopædia Universalis France

Érosion et sédimentation sur un bloc continental

Autres références

  • ACIDES ROCHES

    • Écrit par
    • 426 mots

    En pétrographie, on qualifie de « roches acides » celles qui contiennent plus de 65 p. 100 en poids du constituant SiO2 (la silice). Comme les minéraux les plus siliceux — à l'exception bien entendu du quartz — sont les feldspaths alcalins, pour lesquels la teneur en SiO2 est précisément...

  • ANDÉSITES ET DIORITES

    • Écrit par , , et
    • 2 066 mots
    • 2 médias
    C'est à l'abbé Haüy (Traité de géognosie de J. F. d'Aubuisson de Voisins, 1819), qui mettait ainsi l'accent sur la présence, dans ces roches plutoniques, de minéraux différant nettement les uns des autres par leur couleur, que les diorites doivent leur nom (du grec diorizô...
  • ARGILES

    • Écrit par et
    • 2 654 mots
    • 7 médias

    Les argiles ont été utilisées très tôt dans l'histoire de l'humanité, après le silex et la pierre taillée. Ce matériau possède des propriétés plastiques particulières : facilement modelable, il peut être figé de façon irréversible, ce qui a permis les premières applications domestiques...

  • BASALTES ET GABBROS

    • Écrit par , et
    • 3 670 mots
    • 2 médias

    Les basaltes et les gabbros sont des roches magmatiques dont la composition chimique est très voisine. Basaltes et gabbros sont en effet intimement liés géographiquement puisqu'ils représentent les constituants largement majoritaires de la croûte océanique (ou « plancher océanique »). Schématiquement,...

  • Afficher les 49 références