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ROCHES (Déformations) Charriages et chevauchements

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Les charriages dans l'espace et dans le temps

Si les chevauchements sont présents dans toutes les chaînes de montagnes, les charriages se rencontrent essentiellement dans les chaînes de collision dont l'exemple est fourni par les chaînes alpines issues de la Téthys, cet océan aujourd'hui disparu qui séparait, pendant le Secondaire et le Tertiaire ancien, l'ensemble des continents aujourd'hui septentrionaux des continents aujourd'hui méridionaux. Les chaînes de l'Eurasie méridionale, de Gibraltar à l'Indonésie, en sont le témoin, comme d'ailleurs les chaînes caraïbes isolées par l'ouverture tardive (110 Ma) de l'océan Atlantique central.

Lorsque, après la subduction de l'océan qui les séparait, deux continents entrent en collision, il se forme une suture ophiolitique, cicatrice de l'océan disparu, d'où partent des nappes de charriage qui vont recouvrir les marges des continents. Ces nappes sont formées de matériel océanique, croûte océanique sous forme de massifs ophiolitiques, sédiments océaniques, radiolarites des grandes profondeurs, et flyschs détritiques des grandes fosses océaniques ; nappes ophiolitiques et nappes de flysch sont constantes dans les chaînes de collision.

Le stade de la simple collision est parfois dépassé : l'un des continents chevauche l'autre, par-dessus la suture ophiolitique, comme dans les Alpes orientales (cf. alpes, fig. 8), ou se trouve débité en nappes de socle en avant de la suture, comme dans l'Himālaya (fig. 10). Ces cas d'hypercollision donnent naissance aux plus belles nappes de socle connues, comme la dalle du Tibet ou la nappe de socle de l'Austro-alpin inférieur.

La collision est suivie de déformations dans les masses continentales nouvellement soudées : déformation en masse tarditectonique et fracturation néotectonique de la croûte continentale et des nappes qui la recouvrent. À l'occasion de ces mouvements, les terrains sédimentaires se décollent souvent de leur substratum : ainsi naissent les nappes de couverture les plus externes dans les chaînes alpines. De sorte que les nappes peuvent être très déformées, méconnaissables et n'apparaître qu'après une étude serrée.

Ainsi, la plupart du temps, les nappes ont été repliées en anticlinaux et synclinaux de nappes : les fenêtres se localisent alors sur les anticlinaux et les lambeaux de charriage dans les synclinaux, respectant en ceci les règles de la morphologie structurale. Le contact anormal n'apparaît plus alors subhorizontal comme dans la définition du charriage, mais quelconque en fonction de la forme des plis. Des jeux de failles plus ou moins importants ont pu également découper des pays de nappe ; certaines fenêtres se trouvent alors en position de horst, certains lambeaux de recouvrement en position de fossés.

L'ensemble de tous ces événements se produisant dans une chaîne de collision, on conçoit que l'analyse tectonique en soit délicate et que rares sont les nappes dont l'image soit restée aussi simple que la définition.

À cause des bouleversements qu'ils ont apportés à l'ordre initial des terrains, la connaissance des charriages peut être fort utile, notamment lorsque, dans le cadre d'une exploration pétrolière ou minière, une campagne de sondages doit être entreprise.

L'ampleur des charriages est sans doute encore beaucoup plus grande qu'on ne l'avait cru. Récemment, diverses universités et compagnies américaines, associées en un Consortium for Continental Reflection Profiling (Cocorp), ont levé des profils de sismique réflexion, longs de plusieurs centaines de kilomètres, au travers des Appalaches et des montagnes Rocheuses, qui ont eu des résultats grandioses : l'ensemble des Appalaches (où l'on connaît depuis longtemps des systèmes de nappes), socle et couverture,[...]

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Pour citer cet article

Jean AUBOUIN. ROCHES (Déformations) - Charriages et chevauchements [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009

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Autres références

  • ACIDES ROCHES

    • Écrit par
    • 426 mots

    En pétrographie, on qualifie de « roches acides » celles qui contiennent plus de 65 p. 100 en poids du constituant SiO2 (la silice). Comme les minéraux les plus siliceux — à l'exception bien entendu du quartz — sont les feldspaths alcalins, pour lesquels la teneur en SiO2 est précisément...

  • ANDÉSITES ET DIORITES

    • Écrit par , , et
    • 2 066 mots
    • 2 médias
    C'est à l'abbé Haüy (Traité de géognosie de J. F. d'Aubuisson de Voisins, 1819), qui mettait ainsi l'accent sur la présence, dans ces roches plutoniques, de minéraux différant nettement les uns des autres par leur couleur, que les diorites doivent leur nom (du grec diorizô...
  • ARGILES

    • Écrit par et
    • 2 654 mots
    • 7 médias

    Les argiles ont été utilisées très tôt dans l'histoire de l'humanité, après le silex et la pierre taillée. Ce matériau possède des propriétés plastiques particulières : facilement modelable, il peut être figé de façon irréversible, ce qui a permis les premières applications domestiques...

  • BASALTES ET GABBROS

    • Écrit par , et
    • 3 670 mots
    • 2 médias

    Les basaltes et les gabbros sont des roches magmatiques dont la composition chimique est très voisine. Basaltes et gabbros sont en effet intimement liés géographiquement puisqu'ils représentent les constituants largement majoritaires de la croûte océanique (ou « plancher océanique »). Schématiquement,...

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