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CRAY ROBERT (1953- )

Au début des années 1980, deux albums remarquables, Who's Been Talkin' (Tomato, 1980) et, surtout, Bad Influence (Hightone, 1983), magistralement produits par Bruce Bromberg, ont brusquement révélé Robert Cray. Une voix grasseyante digne des grands chanteurs de soul (Sam Cooke notamment), un jeu de guitare expressif, précis et fluide dont chaque note semble une blue note, un pied dans la tradition du blues texan-californien, un autre dans celle du soul-blues de Memphis, développant néanmoins des idées personnelles et originales : Cray s'imposait d'emblée comme le créateur d'un nouveau style de blues susceptible de renouveler un genre qui marquait alors le pas. Lorsque plusieurs de ses compositions, profondes et graves, seront reprises par Eric Clapton (Bad Influence) et Albert King (Phone Booth), le nouveau venu connaîtra soudain la consécration.

Robert Cray naît à Colombus, en Georgie, le 1er août 1953. Fils d'un militaire de carrière, ayant passé de longues années d'enfance en Allemagne, Cray n'est venu au blues que tardivement, après avoir surtout joué du rock psychédélique. C'est sa rencontre avec Albert Collins (qui demeurera sa principale influence) qui l'amène au blues. Une figuration dans un film où joue John Belushi (futur « blues brother » du cinéma), avec lequel il sympathise, lui vaut d'enregistrer son premier album, Who's Been Talkin'. Après Bad Influence, Cray connaît une décennie de vedettariat. Il enregistre un album par an, chaque fois salué par la critique et par le public, celui du blues autant que celui du rock, qui voit en lui un autre « guitar hero ». Cray est partout, sur les plus grandes scènes, dans tous les festivals, sur les ondes et les plateaux télévisés. Il accompagne John Lee Hooker sur son triomphal album The Healer (1989), donne la réplique à Eric Clapton au Royal Albert Hall de Londres, et suscite de nombreux émules et imitateurs, devenant ainsi le chef de file d'un nouveau courant qualifié de « blues contemporain ».

Mais, au fil des ans, le genre devient procédé, les compositions sensibles cèdent la place à un sentimentalisme à l'eau de rose, les solos de guitare jadis pleins de feeling n'ont plus qu'une élégance glacée et mécanique. Et le statut de superstar de Cray nuit de toute évidence à son inspiration. Sa musique finit par être débitée en boucle sur les radios FM américaines, dans les salles d'attente des aéroports et les cabinets des dentistes. Lui-même semble s'ennuyer. Après plusieurs albums désincarnés où l'artiste se caricature lui-même, Cray, dont l'étoile a d'ailleurs beaucoup pâli dans tous les cercles qui l'encensaient, a choisi un long silence, ressurgissant en 2001 avec plus de punch et de maturité sur Shoulda Been Home, puis Time Will Tell (2003), Twenty (2005) et Live From Across The Pond (2006).

— Gérard HERZHAFT

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Gérard HERZHAFT. CRAY ROBERT (1953- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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