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RIGA

La capitale actuelle de la Lettonie est fondée en 1201 par l'évêque Albert de Buxhövden, envoyé pour convertir les « derniers païens d'Europe ». Il bâtit non loin de l'embouchure de la Daugava une cité qu'il nomme Riga, dont les armes rappellent l'origine germanique (tours de Hambourg et clés de Brême). Cette cité est érigée bientôt en évêché par Rome et devient le centre de la conquête réalisée par les chevaliers Porte-Glaive (ordre de Livonie). Par son adhésion à la Ligue hanséatique (1282), Riga connaît un essor économique remarquable ; la ville devient le port le plus important de la côte baltique et son nouveau statut attire un grand nombre d'artisans et de commerçants qui assurent la mainmise complète des Germaniques sur la ville, mainmise concrétisée par la création de guildes qui leur sont réservées.

Lettonie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Lettonie : carte administrative

Riga (Lettonie) - crédits : Alan Smith/ The Image Bank/ Getty Images

Riga (Lettonie)

Malgré les querelles religieuses qui suivent la Réforme de Luther au xvie siècle, malgré les conflits militaires provoqués par les convoitises des pays voisins, malgré diverses occupations étrangères – polonaise (1581), suédoise (1600-1710), puis russe (1710-1918) –, la ville et son port connaissent une extension constante et, à partir du xviiie siècle, un essor industriel remarquable. Riga est bientôt le premier port de l'Empire russe, avant la construction de Saint-Pétersbourg.

Avec les échanges, favorisés par les liaisons ferroviaires, arrive la richesse et avec elle le goût du confort et même du luxe, ce qui accroît encore les échanges avec toute l'Europe. L'expansion commerciale soutient l'expansion économique ; partout autour de la cité se construisent des ateliers, puis des usines. Les bureaux et les entreprises se multiplient dans la ville qui étouffe bientôt dans ses remparts. En 1852, ceux-ci sont détruits et remplacés par des jardins. En deux décennies, Riga quadruple sa surface, repoussant plus loin les quartiers ouvriers.

Jusque dans la seconde moitié du xixe siècle, les Allemands sont encore majoritaires (50 p. 100) dans la population, contre 25 p. 100 de Russes et 24 p. 100 de Lettons ; ces derniers forment l'essentiel du prolétariat ouvrier. Mais simultanément se développe dans la ville une bourgeoisie lettone qui se lance dans les affaires et souvent y prospère.

La révolution russe de 1905 change la donne sociale ; la population ouvrière constitue désormais une force politique, qui se divise après la révolution d'octobre 1917. La bourgeoisie proclame en 1918 l'indépendance de la Lettonie. Riga, qui était devenue le deuxième port de Russie, se retrouve la capitale trop grande d'un petit pays. Pendant la Première Guerre mondiale, elle a perdu la moitié de ses habitants, qui n'avaient plus de travail dans un port dont le trafic s'était réduit trente fois. La Lettonie redevient un pays agricole ; mais les Lettons restent très fiers de leur capitale promue centre intellectuel et culturel plutôt qu'économique.

La vocation industrielle de Riga renaît avec l'occupation soviétique, à partir de 1945. La ville redevient un des centres de l'industrie légère et militaire d'avant-garde, alimentée d'abord par le pétrole russe, puis par les usines hydroélectriques construites sur la Daugava et par la centrale atomique d'Ignalina en Lituanie.

Dans Riga, envahie par des dizaines de milliers de russophones heureux de vivre dans cette cité d'allure occidentale au niveau de vie élevé pour l'U.R.S.S., les Lettons se retrouvent minoritaires. C'est dans une ville dont 43 p. 100 des habitants sont russophones que les Lettons parviennent en 1991 à recouvrer leur indépendance.

Riga, seule ville de la région baltique à n'avoir jamais changé de nom sous les différents régimes, a fêté ses huit cents ans en 2001 ; elle compte 700 000 habitants à la fin des années 2000, soit environ un tiers de la population[...]

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Écrit par

  • : docteur de l'Université, ancien maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales (histoire des pays Baltes)

Classification

Pour citer cet article

Suzanne CHAMPONNOIS. RIGA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Lettonie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

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Riga (Lettonie) - crédits : Alan Smith/ The Image Bank/ Getty Images

Riga (Lettonie)

Autres références

  • LETTONIE

    • Écrit par J. A. ANDRUPS, Céline BAYOU, Suzanne CHAMPONNOIS, Universalis
    • 8 193 mots
    • 4 médias
    La tradition industrielle lettone remonte au xixe siècle.L'essentiel de l'économie est aujourd'hui encore concentré dans la région de Riga, mais à l'ouest du pays, Liepaja, centre de constructions mécaniques et d'industrie sidérurgique, se souvient d'avoir été le port d'attache de la flotte impériale...
  • RUSSIE (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Michel LESAGE, Roger PORTAL
    • 20 238 mots
    • 29 médias
    ...s'étendait vers l'ouest, à Krengholm (Krengol'm), près de Narva (plus de 10 000 ouvriers), tandis que la manufacture Treougolnik (Treugol'nik, Triangle) de Riga (8 000 ouvriers) fabriquait des millions de galoši (chaussures de caoutchouc). Dans la capitale, les industries de matériel électrique, les imprimeries...

Voir aussi