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LEDUC RENÉ (1898-1968)

Ingénieur visionnaire, inventeur et constructeur d’avions, René Henri Leduc a œuvré, mais en vain, pour le développement des statoréacteurs (« stato » pour statique), un type de moteur à réaction simple, dépourvu de pièces mobiles (pas de compresseur, pas de turbine…) et adapté aux grandes vitesses.

Un génie de la propulsion à réaction

René Leduc naît le 24 avril 1898 à Saint-Germain-lès-Corbeil, dans l’Essonne. Il quitte l’école à quatorze ans et devient apprenti mécanicien. Engagé dans l’armée en 1914, il est admis à l’école d’artillerie de Fontainebleau et sort major de sa promotion, en 1917. Démobilisé en 1919, il entre à l’École supérieure d’électricité, et obtient un diplôme d’ingénieur. En 1923, il est embauché dans les ateliers d’aviation Louis Breguet puis y dirige le bureau des calculs. Il travaille notamment sur le Breguet 27 (encore appelé Breguet 270) « tout acier » et sur l’aile de l’hydravion Breguet 730. Il étudie l’élasticité des corps creux ainsi que le comportement des poutres prismatiques, sujet de sa thèse qu’il soutient le 14 juin 1929 à la faculté des sciences de Paris.

Pressentant les limitations du moteur à hélice, Leduc mène des recherches sur d’autres types de motorisation. Le 4 février 1930, il dépose un premier brevet pour un propulseur à réactions intermittentes (futur pulsoréacteur). Puis il réinvente la tuyère, dont un autre Français, René Lorin, avait établi le principe vingt ans plus tôt (Leduc fera d’ailleurs inscrire le nom de Lorin sur son premier prototype). En réalité, il réalise une tuyère thermopropulsive (appelée plus tard statoréacteur) pour laquelle il dépose un brevet le 7 juin 1933.

René Leduc - crédits : Reporters associés/ Gamma-Rapho/ Getty Images

René Leduc

Dès 1940, les Allemands tentent de récupérer ses plans et une ébauche du prototype Leduc 010, mais Leduc réussit à les dissimuler, avant d’entrer dans la clandestinité. À la fin des hostilités, il reprend son activité sur cet avion grâce à l’obtention d’un marché public, commande de l’État français, portant sur deux prototypes et leurs dispositifs porteurs, l’avion à statoréacteur ne pouvant prendre son envol et atteindre seul la vitesse nécessaire au lancement du moteur (compression « naturelle » de l’air). L’idée de Leduc est donc de le larguer à partir d’un avion porteur, ce qui impose de prévoir un système d’arrimage et de largage du prototype.

L’avion Leduc 010 est en fait à lui seul une tuyère thermopropulsive de 90 centimètres de diamètre, à laquelle ont été ajoutées une voilure réduite droite et une étroite cabine éjectable. Le premier vol en « composite », c’est-à-dire du prototype arrimé sur le dos d’un avion porteur (ici le Languedoc), a lieu le 19 novembre 1946. Le premier largage du Leduc 010 (tuyère éteinte, donc en vol plané) est réalisé le 21 octobre 1947. L’histoire retient que le premier vol d’un avion propulsé par un statoréacteur (tuyère allumée) a lieu le 21 avril 1949 : piloté par Jean Gonord, le Leduc 010 atteint en montée, sous la simple poussée de son statoréacteur, 680 kilomètres par heure (Mach 0,55) à mi-puissance et à 13 000 mètres d’altitude, puis environ 1 035 kilomètres par heure (Mach 0,84) à 17 000 mètres. Ces performances ont de quoi surprendre alors.

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Écrit par

  • : historien de l'aviation, membre de l'Académie de l'air et de l'espace

Classification

Pour citer cet article

Bernard MARCK. LEDUC RENÉ (1898-1968) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

René Leduc - crédits : Reporters associés/ Gamma-Rapho/ Getty Images

René Leduc

Autres références

  • TURCAT ANDRÉ (1921-2016)

    • Écrit par Germain CHAMBOST
    • 979 mots
    • 1 média
    ...une vitesse aux alentours de Mach 2, soit deux fois la vitesse du son. Pour aller au-delà, on peut opter pour le statoréacteur auquel le nom du Français René Leduc reste attaché. Dans un statoréacteur, c’est la vitesse d’avancement de l’avion qui provoque la compression de l’air. Encore faut-il assurer...

Voir aussi