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HUYGHE RENÉ (1906-1997)

Né le 3 mars 1906 à Arras, fils de Louis Huyghe, journaliste au Petit Parisien, René Huyghe, après des études parisiennes aux lycées Montaigne, Michelet et Louis-le-Grand, suivies d'études d'histoire de l'art à l'École du Louvre et de lettres à la Sorbonne, commence sa carrière en 1927 au musée du Louvre et devient conservateur en 1930. En 1933-1934, il mène à travers le monde, de Washington à Moscou, une grande enquête sur l'organisation des musées. De 1937 à 1951, à la suite de Paul Jamot, il est le très éminent conservateur en chef du département des Peintures où il met en œuvre une politique active d'acquisitions et dont il crée le service d'étude et de documentation.

Professeur à l'École du Louvre, conférencier international, organisateur de nombreuses expositions à Paris et à l'étranger – telle la rétrospective Delacroix au musée du Louvre en 1930, la première exposition d'envergure organisée par les musées nationaux –, il est aussi, durant cette période, à l'origine de la création du Service de restauration des peintures des musées de France. Parallèlement, il dirige la revue L'Amour de l'art (1930), qui accorde une importance nouvelle aux comparaisons photographiques, la revue Quadrige (1945) ; il est l'un des premiers à réaliser des films sur l'art, dont un Rubens primé à la biennale de Venise. Il est président-fondateur de la Fédération internationale du film sur l'art.

Pendant la guerre, René Huyghe prend une part active à la sauvegarde des collections nationales, dont les chefs-d'œuvre sont évacués vers différents châteaux de province (Sourches, Chambord, Valençay, Montal, Loc-Dieu, Montauban...). Entré dans la Résistance, il appartient à l'état-major des groupes Veny du Sud-Ouest. Après la Libération, il poursuit un programme complet de réaménagement des salles de son département (Grande Galerie, salon Carré, salles Rouges...), entamé en 1938.

Professeur au Collège de France, à la chaire de psychologie des arts plastiques, à partir de 1950 – un résumé de ses cours paraîtra en 1991 sous le titre Psychologie de l'art –, il est élu à l'Académie française le 3 juin 1960 au fauteuil de Robert Kemp. En 1966, ses travaux lui valent le prestigieux prix européen Érasme. René Huyghe n'en continue pas moins de prendre une part essentielle à la vie des musées, comme président du Conseil artistique des Musées nationaux (1975-1988) et comme membre de nombreuses commissions de restauration. En 1967-1968, il est appelé à Washington auprès de la National Gallery of Art (fondation Kress) comme professeur en résidence. À partir de 1974, il dirige le musée Jacquemard-André, propriété de l'Institut de France, à Paris. Il est aussi, dix années durant, le président de la Commission internationale d'experts pour la sauvegarde de Venise.

René Huyghe a laissé des écrits nombreux et de tout premier plan, tant pour la connaissance de l'histoire de l'art ancien et moderne – en particulier de la peinture (Histoire de l'art contemporain, 1935, la première histoire internationale de l'art moderne ; Vermeer, en collaboration avec A. de Vries, 1935 ; Delacroix, ou le Combat solitaire, 1964, 2e éd. 1990 ; La Relève du réel, la peinture française au XIXe siècle, impressionnisme, symbolisme, 1974) – que pour la compréhension de la vie des formes et de la fonction de l'art, domaines qu'il a abordés en recourant aux méthodes d'investigation non seulement de l'histoire et de l'esthétique, mais aussi de la sociologie et de la psychologie. Dans Dialogue avec le visible (1955), il met en lumière la primauté du visuel dans la civilisation occidentale, qui en fait une « civilisation de l'image », et il instaure à partir de là une nouvelle lecture de l'œuvre d'art. Dans[...]

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Pour citer cet article

Robert FOHR. HUYGHE RENÉ (1906-1997) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • REPRODUCTION DES ŒUVRES D'ART - Copie et reproduction depuis la Renaissance

    • Écrit par Jacques GUILLERME
    • 3 633 mots
    ...engendre d'inconsistantes rêveries qui procurent au spectateur l'illusion d'atteindre à quelque essence pure du réel ; c'est un ressort qu'a sollicité René Huyghe dans son ouvrage : Formes et Forces. De l'atome à Rembrandt, Paris, 1971. Devenue le champ clos de prouesses optiques, l'œuvre se multiplie...

Voir aussi