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LAVILLENIE RENAUD (1986- )

Vainqueur malgré l'adversité du concours de saut à la perche des jeux Olympiques de Londres, en 2012, le Français Renaud Lavillenie a prouvé qu'il était possible de dompter l'incertitude dans une discipline où l'aléatoire prend souvent le pas sur tous les paramètres techniques. L'image de ce petit bonhomme immobile, perche de 5,10 mètres en main, face à une barre juchée au firmament ou presque, qui joue son destin sportif en quelques secondes, restera un temps fort des XXVIIes jeux Olympiques d'été. Il devenait ce jour-là le quatorzième Français médaillé d'or en athlétisme depuis l'origine des Jeux. Il marquera plus encore l’histoire en 2014, en franchissant 6,16 mètres, battant le record du monde de Sergueï Bubka que personne n’avait jamais approché.

Renaud Lavillenie est né le 18 septembre 1986 à Barbezieux-Saint-Hilaire (Charente) d'un père qui fut un sauteur à la perche de bon niveau. Ce père lui met entre les mains une perche alors que l'enfant n'est âgé que de quatre ans : Renaud tombe vite amoureux de cette barre métallique, même s'il s'essaye un peu à la voltige équestre et ne se consacre pleinement au saut à la perche qu'à partir de quinze ans, sous la houlette de son père, entraîneur dans le club de Cognac. Ce dernier lui conseille plus tard de partir pour Bordeaux, où il pourra bénéficier d'une structure d'entraînement hors pair, dirigée par Georges Martin, un coach renommé. À vingt ans, on écoute encore son père, et il s'exécute. Il progresse rapidement, mais, entre Georges Martin et lui, l'osmose ne se fait pas, et Renaud décide en 2008 de partir pour Clermont-Ferrand rejoindre sa fiancée, Anaïs Poumarat, perchiste elle aussi, et travailler avec Damien Inocencio, un coach atypique et très jeune (trente et un ans à l'époque). Inocencio récupère un stakhanoviste du saut à la perche – Renaud Lavillenie effectue plus de soixante sauts par séance d'entraînement, quand tous les autres se contentent d'une vingtaine –, amoureux de sa discipline : il ira jusqu'à installer un sautoir dans le jardin de sa maison ; à la mi-temps d'un match de rugby, au stade Marcel-Michelin de Clermont-Ferrand, il se permet, pour le plaisir, de faire une démonstration de saut à la perche en passant au-dessus de la barre transversale des poteaux...

L'année 2009 voit l'irruption de ce perchiste au gabarit modeste (1,77 m, 69 kg) au firmament mondial : alors que son record personnel se situe en début d'année à 5,70 mètres, il franchit 6,01 mètres aux Championnats d'Europe par équipes à Leira (Portugal), battant le record de France ; il obtient la médaille de bronze aux Championnats du monde de Berlin, derrière l'Australien Steven Hooker et le Français Romain Mesnil. En 2010, à Barcelone, il devient champion d'Europe (5,85 m).

Au début de 2011, il remporte le concours des Championnats du monde en salle de Paris-Bercy en enthousiasmant le public avec un saut de 6,03 mètres (record de France en salle). Favori aux Championnats du monde de Daegu (Corée du Sud), il connaît le premier réel échec de sa carrière : alors qu'il maîtrise son concours jusqu'à 5,85 mètres, il voit coup sur coup deux quasi-inconnus, le Polonais Pavel Wojciechowski et le Cubain Lazaro Borges, franchir 5,90 mètres ; la machine se dérègle et, incapable de répliquer, il doit se contenter d'une médaille de bronze décevante pour lui.

Renaud Lavillenie - crédits : Streeter Lecka/ Getty Images

Renaud Lavillenie

Une blessure à la main aurait pu hypothéquer sa saison 2012. Mais, en six semaines, il est remis, et, en mars, il devient champion du monde en salle à Istanbul (5,95 m). Renaud Lavillenie plane alors sur le monde de la perche : il remporte tous ses concours ou presque, est de nouveau champion d'Europe, à Helsinki, effaçant une barre à 5,97 mètres pour venir à bout de l'Allemand Björn[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

Classification

Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. LAVILLENIE RENAUD (1986- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Renaud Lavillenie - crédits : Streeter Lecka/ Getty Images

Renaud Lavillenie

Autres références

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Voir aussi