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CASTELLANI RENATO (1913-1985)

Renato Castellani est né à Finale Ligure (Savona) en 1913. Après des études d'architecture à Milan, et alors qu'il montre déjà de l'intérêt pour la conservation des vieux films, il fait ses débuts au cinéma comme assistant de Mario Camerini et d'Alessandro Blasetti. Scénariste talentueux, il collabore dans les années 1930 au scénario de films réalisés par ces deux cinéastes, ainsi qu'avec Augusto Genina et Mario Soldati. Il passe à la mise en scène en 1941 avec Le Coup de pistolet d'après Pouchkine, un film qui reconstitue avec soin les comportements aristocratiques dans la Russie de 1830 et qui le range immédiatement parmi les représentants les plus doués du mouvement calligraphique. Dans la même veine, il réalise Zazà en 1942 – une des plus belles interprétations d'Isa Miranda – puis s'essaye au drame contemporain avec un film tourné en décors naturels, La Femme de la montagne (1943), d'après un roman de Salvator Gotta. Après la guerre, il infléchit son parcours en direction de la comédie et réalise une sorte de tétralogie dans laquelle il fait défiler des caractères sociaux et des typologies régionales qui alimentent une étude de mœurs pleine de vitalité. La critique a souvent minimisé l'importance de ces œuvres envisagées sous l'appellation réductive de néoréalisme rose. Mon fils professeur (1946), Sous le soleil de Rome (1948), Primavera (1949) et surtout Deux sous d'espoir (1951) – ce film lui vaut en 1952 la palme d'or au festival de Cannes –, décrivent avec un humour empreint de mélancolie des gens simples qui vivent à Rome ou à Florence, en Sicile ou à Milan.

Très cultivé et n'ayant jamais renoncé à un certain raffinement esthétique héritage de sa formation d'architecte, Castellani retrouve ses racines intellectuelles en adaptant Shakespeare à l'écran. Roméo et Juliette (1954), avec Lawrence Harvey et Susan Shentall, est une reconstitution particulièrement soigneuse qui demanda trois ans de tournage : le souci formel est particulièrement visible dans l'utilisation de la couleur, dans la recherche des décors (avec une large utilisation de décors naturels empruntés à des villes italiennes) et dans la splendeur bariolée de costumes dessinés par Leonor Fini. Le résultat est inégal avec une certaine froideur de l'interprétation, mais le jury du festival de Venise se montra surtout sensible aux qualités du film, et lui attribua le lion d'or.

Par la suite, Castellani ne devait plus connaître la même réussite dans des films, tiraillé entre les impératifs commerciaux et les vaines tentatives de retrouver les lieux et les atmosphères de ses récits précédents. Les Rêves dans le tiroir (1956) avec Lea Massari, L'Enfer dans la ville (1958), où il évoque les prisons de femmes en donnant à Anna Magnani et Giulietta Masina des rôles écrits sur mesure, Le Brigand (1961), Mare matto (1963), où il dirige dans un mélodrame non dénué de qualités Jean-Paul Belmondo et Gina Lollobrigida, ponctuent une carrière désormais déclinante.

Après Questi fantasmi (1967), qui transpose à l'écran une comédie d'Eduardo De Filippo, et Una breve stagione (1969), il se met au service de la télévision dans de grandes œuvres didactiques marquées par l'influence de Rossellini : il réalise successivement Vita di Leonardo (1971), cinq épisodes (337 minutes) pour raconter la vie de Léonard de Vinci incarné par Philippe Leroy, Le Vol de la Joconde (1977) qui évoque le célèbre épisode de la disparition du tableau au musée du Louvre, Giuseppe Verdi (1982), neuf épisodes (600 minutes), où il met en scène la vie du musicien dans une biographie partout accueillie avec faveur, notamment aux États-Unis.

— Jean A. GILI

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Écrit par

  • : professeur émérite, université professeur émérite, université Paris I-Panthéon Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean A. GILI. CASTELLANI RENATO (1913-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CALLIGRAPHISME

    • Écrit par Jean A. GILI
    • 936 mots
    • 2 médias

    Au début des années 1940 se développe dans le cinéma italien un mouvement de grande attention à la forme auquel on donne, par référence à la belle écriture des manuscrits enluminés, le nom de « calligraphisme ». Ce mouvement touche des cinéastes comme Mario Soldati (Piccolo Mondo antico...

Voir aussi