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GIBSON RALPH (1939- )

Photographe remarqué pour ses recherches esthétiques, voire formelles, Ralph Gibson signe une œuvre au contraire riche et diverse, construite au gré d'une carrière peu linéaire. Né à Los Angeles le 16 janvier 1939, le fils unique de Carter Gibson, réalisateur appointé à la société Warner Bros d'Hollywood, grandit dans l'univers des studios d'Hollywood jusqu'au divorce de ses parents en 1954. Une scolarité difficile et le désir d'émancipation lui font intégrer la Marine américaine en 1956. Son affectation à Pensacola, Floride, la plus grande base de la Navy, lui offre l'opportunité de suivre une formation sérieuse de photographe, à l'origine de sa vocation professionnelle. Les quarante mois de service militaire auront un effet bénéfique sur un jeune homme assez curieux pour profiter des nombreuses escales et découvrir le monde. Inspiré par la lecture des poèmes d'Allen Ginsberg et surtout par le livre Sur la route (1957), de Jack Kerouac, Ralph Gibson rejoint en 1960 la côte californienne et décide de s'inscrire aux cours de photographie du San Francisco Art Institute. Le peu d'intérêt ressenti par l'étudiant déjà doté de bonnes bases techniques et son impatience à s'essayer au terrain professionnel incitent un de ses professeurs à le recommander, avant la fin de l'année scolaire à la photographe Dorothea Lange qui l'engage comme assistant. Dans cet environnement favorable, Ralph Gibson commence à photographier pour lui-même avec l'appareil moyen format acheté pendant sa période militaire. Encouragé par une première exposition à la galerie Photographers' Roundtable de San Francisco, acquis au photojournalisme, Gibson s'équipe de l'appareil Leica dont le format 24 × 36 mm règne sur toute la presse d'information d'alors. Décidé à voir plus grand, il quitte le provincial San Francisco pour Los Angeles, où il résidera quatre ans, réalisant des commandes commerciales et publiant un premier livre The Strip (1967), sur le quartier de Sunset Strip. Deux traits majeurs apparaissent, qui se développeront au cours de sa carrière : l'intimité du sujet et l'aptitude aux compositions spontanées. C'est à New York, où il s'installe à partir de 1966, que Ralph Gibson trouve le lieu qui répond à sa vocation de photojournaliste. La rencontre avec Robert Frank, dont il sera l'assistant en 1967-1968, l'influence d'auteurs aussi personnels que Larry Clark ou Mary Ellen Mark remettent en question la démarche du reportage engagé qui primait depuis les années de San Francisco. La vision subjective telle qu'elle s'exprime dans les livres de Jorge Luis Borges ou de Marguerite Duras qu'il admire, gouverne peu à peu la production de Gibson dont les sujets décentrés, les gros plans composés dans la rigueur géométrique de l'épure, rappellent des maîtres anciens comme l'Américain Paul Outerbridge ou l'Allemand Herbert List. Le cadrage serré et les forts contrastes qu'affectionne Ralph Gibson peuvent friser l'abstraction, notamment avec les éléments d'architecture regroupés dans Black Series de 1980. Cependant, et même s'il la soumet à ses critères esthétiques, la composante documentaire garde une large place dans son œuvre. Ainsi la double série France, réalisée en noir et en couleurs entre 1971 et 2004, exprime-t-elle à la fois les signes culturels d'une francité perçue par un Américain et le regard spécifique d'un auteur qui sera fait commandeur de L'Ordre des Arts et des Lettres en 2002. L'œuvre de Ralph Gibson est accessible dans une bibliographie d'une trentaine de titres. Publié en 2006, Parcours donne un aperçu monographique de trente-cinq années de sa production, des images de San Francisco en 1960 à la vision personnelle du Brésil en 2005.[...]

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Pour citer cet article

Hervé LE GOFF. GIBSON RALPH (1939- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PHOTOGRAPHIE (art) - Un art multiple

    • Écrit par Hervé LE GOFF, Jean-Claude LEMAGNY
    • 10 750 mots
    • 21 médias
    ...Michals préférera revenir à l'image solitaire, accompagnée d'un texte, méditation sensible et parfois drôle. Il rejoint dans cet esprit l'œuvre poétique que l'Américain Ralph Gibson mène avec maîtrise depuis ses fantaisies surréalistes (The Somnambulist, 1970) jusqu'à la présence d'objets monolithiques...

Voir aussi