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FRÜHBECK DE BURGOS RAFAEL (1933-2014)

Un père allemand et une mère espagnole lui ont donné les clés des univers germanique et latin. Rafael Frühbeck de Burgos a mené une brillante carrière de chef d’orchestre sans pour autant connaître une gloire trop facilement conquise par des musiciens qui, parfois, ne le valaient pas.

Rafael Frühbeck voit le jour à Burgos le 15 septembre 1933. Plus tard, il « hispanisera » son nom en lui adjoignant celui de sa ville natale. Il étudie au Conservatoire de Bilbao puis, de 1950 à 1953, au Conservatoire de Madrid, tout en dirigeant ces opérettes espagnoles que l’on appelle zarzuelas. Il vient ensuite se perfectionner à la Hochschule de Munich, notamment avec Kurt Peter Eichhorn. Il dirige tout d’abord l’Orchestre symphonique de Bilbao (1958-1962). De 1962 à 1978 il est à la tête de l’Orchestre national d’Espagne tout en assumant les fonctions de directeur général de la musique à Düsseldorf (1966-1971) et de directeur musical de l’Orchestre symphonique de Montréal (1975-1977). À Tōkyō, il conduit le Yomiuri Nippon Symphony Orchestra (1980-1983), et demeurera le principal chef invité de la formation. Il anime également l’Orchestre symphonique de Washington (1980-1990) et devient chef permanent de l’Orchestre symphonique de la R.A.I. à Turin (2001-2007). Il cumule par la suite de nombreux postes : chef permanent de l’Orchestre symphonique de Vienne (1991-1996), directeur général de la musique à la Deutsche Oper de Berlin (1992-1997), directeur général de l’Orchestre symphonique de la Radio de Berlin (1994-2001), chef invité permanent à l’Orchestre national d’Espagne (1998-2003). En 2004, il est nommé à la tête de l’Orchestre philharmonique de Dresde, puis, en 2012, à celle de l’Orchestre national du Danemark. Si l’on ajoute à cette liste des formations de premier plan telles que l’Orchestre de Paris, le New Philharmonia Orchestra, l’Orchestre symphonique de Boston, l’Orchestre philharmonique de Los Angeles ou encore le London Symphony Orchestra, on constatera que les professionnels du monde musical ont depuis longtemps reconnu l’évidence de son talent.

Développant une rhétorique « à l’ancienne », Rafael Frühbeck de Burgos révèle un sens aigu de l’espace sonore et, sous la rigueur de la direction, une très fine sensibilité. Il nous laisse une vaste discographie. Le répertoire espagnol y figure en bonne place avec de nombreuses zarzuelas, l’intégrale de l’œuvre lyrique et orchestrale de Manuel de Falla et sa propre transcription pour orchestre de la Suite espagnole n°1 d’Isaac Albéniz. Son nom reste attaché à l’un des premiers enregistrements de Carmen de Bizet qui se rapproche de la partition originale et du style « opéra-comique ». Le plateau, particulièrement remarquable, rassemblait Grace Bumbry, Jon Vickers et Mirella Freni. Au-delà du grand répertoire habituel, Rafael Frühbeck de Burgos s’est aussi intéressé à la musique de son temps. C’est ainsi qu’il assure la création de pages signées Xavier Benguerel (1962), Alberto Ginastera (1964), Leonard Balada (1974), Joan Guinjoan (1978), Gottfried von Einem (1996), Rainer Bishoff (1997), Cristóbal Halffter (2001) et Luis de Pablo (2003). Il accueille de prestigieux solistes : la soprano Victoria de Los Angeles, le clarinettiste Karl Leister, les violonistes Yehudi Menuhin et Nathan Milstein, ainsi que les pianistes Arturo Benedetti Michelangeli, Louis Lortie et Alicia de Larrocha.

Victime d’un malaise au cours d’un concert de mars 2014 qu’il tint à terminer, Rafael Frühbeck de Burgos avait annoncé sa retraite. Il meurt peu après à Pampelune, le 11 juin 2014.

— Pierre BRETON

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Pierre BRETON. FRÜHBECK DE BURGOS RAFAEL (1933-2014) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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