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PURISME, littérature

Le purisme est la réaction conservatrice du grammairien en face de la création linguistique du rhéteur ou du poète qui tend à bouleverser l'ordre du langage. Ainsi exclut-il tout archaïsme ou néologisme, tout écart par rapport au vocabulaire « convenable » dont usent les « honnêtes gens », toute innovation syntaxique et partant, toute forme originale qu'entraîne la nécessité d'exprimer une idée nouvelle. (En Grèce, le purisme transmis par Byzance s'oppose au démotisme ou vulgarisme, il ne concerne que la langue écrite et vise à maintenir la tradition.) L'âge d'or du purisme en France coïncide, au xviie siècle, avec l'apogée d'une société aristocratique raffinée à l'extrême. La politesse, la bienséance y sont les valeurs les plus sûres. Elles président à l'élaboration d'une esthétique normative et à la réglementation non moins normative de la grammaire. (Vaugelas critiquait par exemple l'usage de l'expression à présent comme « façon de parler /qui/ n'est pas de la Cour ».) Cependant, ce n'est pas la cour mais les salons littéraires et l'Académie qui décident, en despotes éclairés, du sort de la langue. Exerçant sur elle une activité moralisatrice, ces deux institutions aboutissent à des solutions diamétralement opposées : les précieuses des salons, à force d'éviter toute expression jugée vulgaire, en arrivent à des périphrases baroques alors que l'Académie cherche à fixer dans son dictionnaire l'usage moyen.

— Véronique KLAUBER

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Pour citer cet article

Véronique KLAUBER. PURISME, littérature [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RHÉTORIQUE, notion de

    • Écrit par Alain BRUNN
    • 1 664 mots
    ...s'allie souvent à la même dénonciation des pouvoirs du langage ; dénonciation d'autant plus forte que les guerres de Religion ont pu montrer leur caractère dangereux : laquerelle du purisme trahit par exemple une volonté d'apaiser la langue qui s'accompagne d'une critique de la rhétorique pratique.

Voir aussi