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PRÉSOMPTION

Conséquence que la loi ou le magistrat tire d'un fait connu à un fait inconnu, la présomption légale dispense de toute preuve celui au profit duquel elle existe ; elle peut également être un véritable procédé de preuve que le juge reste libre d'apprécier souverainement.

La présomption légale la plus connue, en droit français, est la présomption de paternité : « L'enfant conçu pendant le mariage a pour père le mari » ; elle vient du droit romain qui avait pour règle pater is est, quem nuptiae demonstrant. Certaines présomptions légales sont dites irréfragables, c'est-à-dire qu'elles ne supportent pas la preuve contraire, ce qui est le cas de l'interposition de personne, par exemple ; ainsi, en matière de donation, les père, mère, enfants et descendants et l'époux de la personne incapable de recevoir à titre gratuit sont réputés personnes interposées, et la libéralité ainsi dissimulée est nulle ; la plupart des présomptions légales sont simples et peuvent tomber devant la preuve contraire, cette preuve contraire étant parfois délimitée par la loi, comme c'est le cas du désaveu de paternité.

Les présomptions de fait sont des indices permettant au juge de conclure à l'existence du fait à vérifier ; il faut que ces indices soient graves, précis et concordants, qu'ils aient un lien avec le fait ; ces présomptions ont un caractère de moyens de preuve souverainement appréciés par le juge, au même titre qu'un résultat d'enquête ou d'expertise.

Les juges anglais ainsi que les juges américains ont largement admis des présomptions de négligence (présomptions de l'homme) dans des domaines où la preuve de la faute était particulièrement difficile à apporter : domaine de la responsabilité médicale, de la responsabilité des fabricants et vendeurs de produits défectueux. C'est par l'application de la maxime res ipsa loquitur (« la chose parle d'elle-même ») que les tribunaux vinrent à l'aide des demandeurs, considérant que ceux-ci sont déchargés de l'obligation de prouver la faute du défendeur s'ils peuvent établir qu'eux-mêmes ne sont pas intervenus comme auteurs ou coauteurs du dommage ; la jurisprudence des juridictions américaines regorge de cases (décision judiciaire) souvent assez incroyables, notamment en matière de fabrication de produits défectueux pour lesquels la présomption a été appliquée.

— Yvan BARBIN

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Pour citer cet article

Yvan BARBIN. PRÉSOMPTION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CRIMINALITÉ

    • Écrit par Frédéric OCQUETEAU
    • 3 373 mots
    • 1 média
    ...lege » (« nul crime, nulle peine sans loi »). En effet, dans notre système de justice pénale, les auteurs « suspects » sont virtuellement présumés coupables par les agences policières jusqu'à ce que la justice les ait innocentés. Les procédures du « plaider coupable » ne sont-elles pas la...
  • DISCRIMINATION

    • Écrit par Gwénaële CALVÈS
    • 4 057 mots
    • 2 médias
    ...laissent supposer l'existence d'une discrimination directe ou indirecte ». Elle ne doit plus prouver la discrimination (preuve souvent difficile à rapporter), mais simplement produire des éléments matériels susceptibles de faire naître une présomption. C'est alors à l'employeur ou au bailleur qu'il incombera...
  • FILIATION, droit

    • Écrit par Françoise DEKEUWER-DÉFOSSEZ
    • 10 757 mots
    ...fondée sur le mariage des parents. Aux termes de l'article 312 du Code civil, « l'enfant conçu pendant le mariage a pour père le mari ». Il en va de même, d'ailleurs, de l'enfant né en mariage, même s'il a été conçu auparavant. C'est ce que l'on appelle en termes techniques la « présomption...
  • PRESCRIPTION

    • Écrit par Shalev GINOSSAR
    • 2 933 mots
    Certaines prescriptions particulières et fortement abrégées sont désignées du nom de prescriptions présomptives, étant basées sur une présomption de paiement, dont le débiteur n'aurait pas conservé la preuve. Tel est le cas de l'action « des maîtres et instituteurs des sciences et arts, pour...

Voir aussi