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POMPÉIENNE (peinture)

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Les quatre styles pompéiens

Le corpus pompéien a fait l’objet, à la fin du xixe siècle, d’une entreprise de classification qui constitue encore une grille de lecture importante pour nombre de vestiges peints du monde romain. Il s’agit des quatre styles pompéiens définis par August Mau (1840-1909). L’archéologue allemand a identifié quatre grandes tendances qui se succèdent dans le temps, en dépit de phases de transition plus ou moins longues et de jeux d’imitation.

Le premier style (200-80 av. J.-C. environ)

Maison Samnite, Herculanum - crédits : Nick Rule/Alamy Stock Photo/Hemis

Maison Samnite, Herculanum

Le premier style est en réalité une variante régionale de ce que l’on appelle le « style structural » grec, un type de représentation imitant des parois réelles, le plus souvent monumentales. Ce style s’est diffusé dans tout le monde grec et a dû arriver dans les cités du Vésuve en passant par les colonies grecques du sud de l’Italie. Au-dessus d’un soubassement, le bas de la paroi est occupé par une assise d’orthostates, ces blocs de grand appareil qui montrent en parement leur plus grande face. Ils sont surmontés d’assises régulières de blocs plus petits. Ces zones de la paroi, traitées en léger relief, sont caractérisées en Campanie par une vive polychromie, différentes nuances de rouge, vert et jaune côtoyant de chatoyantes imitations de marbre. Le tout est couronné par un entablement fictif, comportant notamment des corniches en stuc, le plus souvent non peintes et beaucoup plus saillantes que le reste de la paroi. Dans certains cas, la monumentalité de ces parois fictives est renforcée par le développement, en partie haute, de colonnades, en forte saillie voire complètement indépendantes de la paroi, comme dans le vestibule de la maison du Faune à Pompéi. Cette dernière, ainsi que la maison de Salluste (Pompéi) ou la maison Samnite (Herculanum) constituent de précieux témoignages de programmes décoratifs en premier style. Certains propriétaires attestent en effet de la volonté de conserver ces décors anciens, en dépit des rénovations et restructurations qui touchent les maisons tout au long de la vie des cités de Pompéi et Herculanum.

Le deuxième style (80-20 av. J.-C. environ)

Peinture en trompe-l’œil, Boscoreale - crédits : Raffaello Bencini/ Bridgeman Images

Peinture en trompe-l’œil, Boscoreale

Progressivement, les commanditaires et les artisans vont faire évoluer ce style structural, marquant ce que l’on considère souvent comme le début de la peinture proprement romaine. On renonce au relief réel pour privilégier des moyens exclusivement picturaux. Les peintres apprennent à manier le clair-obscur et les dégradés pour rendre l’ombre et la lumière et par là le relief, réalisant de véritables trompe-l’œil. Si, dans un premier temps, les compositions des parois restent proches de celles du premier style, un effet de profondeur est introduit, dès les exemplaires les plus précoces, par la mise en place fréquente de colonnades qui viennent créer un premier plan devant les parois de grand appareil. C’est le cas, à Pompéi, dans de nombreuses pièces de la villa des Mystères, de la maison des Noces d’argent ou encore de celle du Labyrinthe. Cette profondeur va s’accentuer avec l’ouverture progressive des parois, notamment en partie haute. Apparaissent en effet de nouvelles compositions, dites à fronsscaenae, car elles évoquent les décors qui ornaient les fronts de scène des théâtres romains. Aux premiers plans, des colonnes supportant de riches entablements alternent avec des surfaces fermées et des portes et portails, eux aussi fermés le plus souvent ; à l’arrière de ces éléments, la vue du visiteur semble se projeter au-delà de la pièce par des ouvertures qui donnent à voir d’autres architectures se détachant sur le bleu du ciel. Les grandes villas campaniennes, celle des Mystères en bordure de Pompéi, celle de Poppée à Oplontis, celle de Publius Fannius Synistor à Boscoreale, ont livré de très beaux exemplaires de ces peintures ; on en trouve également, à Pompéi même, dans la maison du Labyrinthe ou dans celle de M. Obellius Firmus.[...]

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Écrit par

  • : enseignante-chercheuse en histoire de l'art et archéologie du monde romain, maître de conférences, université de Poitiers

Classification

Pour citer cet article

Mathilde CARRIVE. POMPÉIENNE (peinture) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Peinture en trompe-l’œil, Boscoreale - crédits : Raffaello Bencini/ Bridgeman Images

Peinture en trompe-l’œil, Boscoreale

Stèle de Sens - crédits : Alix Barbet

Stèle de Sens

Maison Samnite, Herculanum - crédits : Nick Rule/Alamy Stock Photo/Hemis

Maison Samnite, Herculanum