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PLATYCHELYS OBERNDORFERI

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Platychelys oberndorferi est une espèce de tortue fossile qui vivait dans les mers il y a quelque 150 millions d’années, au Jurassique supérieur. Le premier fossile de cette espèce a été décrit par le paléontologue allemand Johann Andreas Wagner (1797-1861) au milieu de xixe siècle. Depuis, plus d'une demi-douzaine de carapaces ont été mises au jour dans les sédiments marins jurassiques d’Allemagne et de Suisse, mais les autres éléments du squelette, tels que le crâne et les vertèbres, sont rares et donc très peu connus. L’étude approfondie de deux vertèbres cervicales de Platychelys oberndorferi,menée par une équipe internationale de chercheurs et publiée en 2017, montre que cette tortue pouvait plier son cou verticalement mais n'était pas capable de rétracter entièrement sa tête dans la carapace. Platychelys aurait acquis cette capacité pour capturer ses proies dans l’eau.

Mode de rétraction du cou chez les tortues modernes et classification

Les tortues sont des reptiles à carapace. Elles ont développé un système de rétraction du cou à double pli pour pouvoir notamment protéger leur tête dans la carapace. Selon la façon dont elles s’y prennent, les tortues modernes sont divisées en deux groupes : les Pleurodires (signifiant « cou de côté »), qui replient leur cou dans un plan horizontal (formant un « S » horizontal) et protègent leur tête sous le rebord de la carapace, et les Cryptodires (signifiant « cou caché »), les plus nombreuses, qui replient leur cou verticalement (formant un « S » vertical) pour faire rentrer cou et tête entièrement dans la carapace, entre les ceintures pectorales. Ces deux types de fonctionnement impliquent chacun une morphologie des vertèbres cervicales spécifique.

Chez les Pleurodires, les vertèbres cervicales sont hautes et étroites. Les deux paires de zygapophyses – prézygapophyses et postzygapophyses (excroissances osseuses permettant, respectivement, l'articulation avec les vertèbres précédente et suivante) – de chaque vertèbre sont orientées horizontalement et rapprochées l’une de l’autre, et les deux processus transverses (sites d’attachement des muscles responsables des mouvements latéraux du cou) sont bien développés et situés au milieu du corps vertébral.

Chez les Cryptodires, les cervicales sont basses et larges, avec les deux paires de zygapophyses bien écartées l’une de l’autre et les processus transverses faiblement développés et placés plus en avant sur le centrum (corps de la vertèbre). De plus, ce dernier groupe a développé des articulations doubles du centrum dans la partie postérieure du cou, une structure qui n’est pas connue chez les Pleurodires modernes.

La morphologie des vertèbres cervicales des Pleurodires favorise ainsi le pliage latéral du cou, tandis que celle des Cryptodires permet son mouvement vertical et limite le pliage latéral dans sa partie postérieure. Au cours de l’évolution, ces deux modes de rétraction du cou sont apparus indépendamment dans les deux groupes. Depuis longtemps, on pensait que les tortues rentraient leur cou et leur tête pour mieux se protéger des prédateurs. L’étude de deux vertèbres cervicales de Platychelys, un des plus anciens Pleurodires, vient modifier cette idée reçue.

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Pour citer cet article

Haiyan TONG. PLATYCHELYS OBERNDORFERI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 03/10/2017

Médias

Vertèbre de tortue fossile - crédits : Anquetin et al., 2017

Vertèbre de tortue fossile

<em>Platychelys oberndorferi, </em>tortue fossile - crédits : Patrick Röschli/ Anquetin et al., 2017

Platychelys oberndorferi, tortue fossile