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VENDÔME PLACE

L'une des cinq places royales de Paris. Réalisée sous le règne de Louis XIV à un moment où la formule se révèle parfaitement au point (place Dauphine, place Royale — l'actuelle place des Vosges —, place des Victoires), cette quatrième place est le résultat d'une opération spéculative et le fait d'un courtisan (la place Louis-XV, baptisée place de la Concorde en 1795, est la plus récente des places royales de Paris ; elle fut aménagée de 1755 à 1772). C'est Louvois — que Jules Hardouin-Mansart avait réussi à intéresser à ses projets sur un vaste terrain qu'il venait d'acquérir en partie, au-delà de la porte Saint-Honoré, après la mort du duc de Vendôme — qui voulait surpasser en splendeur la place circulaire due au maréchal de La Feuillade qui l'avait précédé. Mais c'est seulement après de nombreux déboires financiers, dus notamment aux projets trop ambitieux de Louvois (construction d'académies, d'un hôtel des Monnaies, d'ambassades, etc.), et après la mort de celui-ci que le terrain, finalement cédé en 1698 à la Ville de Paris (car Vendôme était « prince du sang »), permit à Mansart d'établir son plan, fort original.

La place, quadrangulaire, aux angles amortis par des pans coupés, avait deux entrées symétriquement opposées, ménagées au milieu de deux côtés pour donner sur des rues courtes dont l'échappée devait être toutefois bornée par le dôme du couvent des Capucines d'une part (à l'emplacement de l'actuelle rue de la Paix), par l'église des Feuillants de l'autre, longeant la rue Saint-Honoré. Les hôtels « à programme », tous unifiés et réunis sans autre distinction que les deux avancées surmontées d'un fronton qui se répondent face à face, au milieu des deux côtés continus, aux percées des rues au milieu des deux autres, ont leurs façades rythmées de colossaux pilastres corinthiens reliant les étages et donnant à l'ensemble une ampleur monumentale digne d'un palais. Mais le manque de crédits et le coût de l'opération entravèrent les travaux pendant de longues années (entre 1702 et 1720) : les façades ouvertes sur le vide attendront que viennent s'y adjoindre des hôtels complétés par les acquéreurs.

La colonne Vendôme abattue - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

La colonne Vendôme abattue

Au centre de la place, d'abord nommée place des Conquêtes, fut érigée une statue équestre de Louis XIV, fondue d'après une maquette de François Girardon et placée sur un socle à degrés. La hauteur de la statue et les dimensions du monument avaient été soigneusement calculées pour être appréciées sous le meilleur angle de vision, de tous les côtés de la place. Le 10 août 1792, la statue de la place (baptisée place Louis-le-Grand en 1699) fut renversée par l'émeute révolutionnaire et la place prit le nom de place des Piques, devenue place Vendôme en 1799. En 1810, Napoléon permit l'érection d'une colonne, imitée de la colonne Trajane à Rome, qui fut conçue sur les plans de l'architecte Le Père et coulée dans le bronze provenant de la fonte des mille deux cents canons pris à l'ennemi à Austerlitz : sur la spirale enroulée autour de la colonne, les bas-reliefs de Berseret narrent les exploits de l'armée impériale entre 1805 et 1807. Le sommet de la colonne reçut successivement une statue de Napoléon en empereur romain, œuvre de Chaudet, remplacée sous la Restauration par une gigantesque fleur de lys ; Seurre exécuta sous Louis-Philippe la fameuse silhouette du Petit Caporal en redingote et en petit chapeau, qui regarde aujourd'hui la cour de l'hôtel des Invalides, au-dessus de l'entrée de la chapelle, tandis qu'une statue, replacée sur la colonne et rétablie par la République, figure une réplique de la première. Comme la statue de Louis XIV, en effet, la colonne Vendôme sera renversée sous la Commune, le 16 mai 1871, par des désespérés qui voyaient là le symbole de l'Empire exécré. Le peintre Courbet fut tenu[...]

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Pour citer cet article

Guy BELOUET. VENDÔME PLACE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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La colonne Vendôme abattue - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

La colonne Vendôme abattue

Autres références

  • NAPOLÉON Ier BONAPARTE (1769-1821) empereur des Français (1804-1814 et 1815)

    • Écrit par Universalis, Jacques GODECHOT
    • 8 337 mots
    • 18 médias
    ...seulement tolérer le développement de la légende mais également l'encourager. En 1833, la statue de Napoléon fut érigée au sommet de la colonne de la place Vendôme, à Paris. En 1840, le fils du roi Louis-Philippe Ier, François, prince de Joinville, fut chargé de ramener les cendres de l'Empereur en...

Voir aussi