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FOOT PHILIPPA (1920-2010)

Philippa Foot défendit le point de vue naturaliste en philosophiemorale, allant à l'encontre du positivisme logique dominant dans le monde anglo-saxon à partir des années 1950.

Philippa Foot (de son nom de jeune fille Bosanquet) naît le 3 octobre 1920 à Owston Ferry dans le Lincolnshire (Angleterre). Après avoir obtenu en 1942 une licence au Somerville College d'Oxford, elle occupe un poste de chercheur au Royal Institute for International Affairs de Londres. Reprenant ses études à Oxford après la Seconde Guerre mondiale, elle soutient une maîtrise en 1946. Trois ans plus tard, elle devient chargée de cours dans cette institution. Promue maître de conférences en philosophie, elle exerce la charge de vice-présidente de 1967 à 1969. En 1976, Philippa Foot rejoint la faculté de philosophie de l'université de Californie, sur le campus de Los Angeles, et y demeurera jusqu'à sa retraite, en 1991.

Influencée par sa collègue du Somerville College Elizabeth Anscombe, une disciple de Ludwig Wittgenstein et son exécutrice testamentaire, Philippa Foot commence à remettre en question la conception qui prédomine alors en philosophie morale, selon laquelle les jugements moraux ne révèlent rien sur le monde réel mais sont de simples expressions de l'émotion (selon Alfred Jules Ayer par exemple) ou des déclarations purement évaluatives (d'après Richard Mervyn Hare notamment). Dans les articles « Moral Arguments » et « Moral Beliefs », publiés en 1958, plus tard dans Virtues and Vices (1977), Philippa Foot s'en prend aux hypothèses de la morale non naturaliste. Elle tente de montrer qu'il est absurde de séparer faits et valeurs, et qu'il importe de replacer au cœur de la philosophie morale les notions de vertus et de vices. Dans l'essai « Morality as a System of Hypothetical Imperatives » (1972), elle introduit une dose de subjectivisme dans son système de pensée, en avançant que les valeurs ne sont pas issues de la nature pas plus que du corps ou de la connaissance, proviennent d'abord de la volonté. Elle radicalise son analyse dans Natural Goodness (2001), argumentant que les valeurs sont objectivement ancrées dans les besoins humains naturels, voire que la vertu est constitutive de la raison. Sa contribution la plus connue à la morale demeure peut-être le problème du tramway (Trolley Problem). Un tramway s'approche à toute vitesse d'un aiguillage. Si ce dernier n'est pas actionné, cinq personnes se trouvant sur la voie empruntée seront tuées. S'il l'est, une personne présente sur la voie de déviation mourra. La décision d'actionner ou non l'aiguillage dépend de l'importance relative que chacun accorde à sa conception du devoir moral et à ses conséquences réelles.

Philippa Foot s'éteint le jour de son quatre-vingt-dixième anniversaire, le 3 octobre 2010, à Oxford.

— Martin L. WHITE

— Universalis

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Universalis et Martin L. WHITE. FOOT PHILIPPA (1920-2010) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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