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PHÉRÉCYDE DE SYROS (VIe s. av. J.-C.)

Penseur grec, connu comme contemporain et ami de Pythagore. La légende compose avec des éléments similaires la vie de ces personnages ; mais l'émigré Pythagore aurait fondé en pays colonial une communauté adonnée aux « mathématiques » ; Phérécyde est connu seulement comme « théologien ». La doxographie a livré de rares fragments parmi les recensements de sa « théogonie ». Celle-ci place à l'origine trois principes « toujours étants » : un triangle avec la pointe en haut portant le nom de Chronos, adaptation savante pour le Kronos traditionnel ; une base formée par le couple Zas et Chthonia. Dans ses retraites et de sa seule semence Chronos engendre les principes des futurs éléments, Feu, Vent, Eau, puis les autres dieux. Vient l'épisode du mariage entre Zas et Chthonia : la future épousée reçoit en don un voile — tissé et brodé avec la figure de la terre et de l'océan — et toutes choses qui sont sur terre ou dans l'océan, tel un modèle pour la seconde procréation. Chthonia prend le nom de Gê, la Terre, qu'elle a reçue en partage. Zas, comme père de la seconde création reçoit le nom d'Éros ( ?). Suit l'épisode mal connu d'un combat entre Zas et le Dragon, équivalent du combat de Zeus avec Typhée chez Hésiode, ou avec Ophion chez les orphiques.

Comparée à celle d'Hésiode, cette théogonie présente des similitudes et des différences caractéristiques : comme celle d'Hésiode, elle place au commencement trois principes ; mais ces principes sont sans naissance, unifiés sous le Temps et dominés par un Mâle. Comme celle d'Hésiode, elle distingue des étapes ou étages : les principes éternels, la première création des éléments et des dieux, l'institution matrimoniale, la seconde procréation, suivie, semble-t-il, d'une épreuve pour l'institution royale. Le principe mâle de Zas demeure, sous un autre nom, le Père et le Roi. Tout indique qu'il s'agit là d'une réforme favorable aux institutions patriarcales, préservant l'unité du tout, avec subordination amiable du principe féminin, et sans révolte du fils contre le père ; d'une réforme surchargée d'intentions savantes. Plusieurs modernes ont établi une correspondance entre le Chronos de Phérécyde et l'Apéiron d'Anaximandre ; entre le couple Zas-Chthonia et l'opposition du chaud-sec-léger avec le froid-humide-dense. Les Anciens d'une époque plus récente avaient projeté les entités savantes et les hiérarchies ontologiques du néo-platonisme sur les noms mythiques et les généalogies de ces théogonies. Phérécyde demeure le témoin de choix d'un style de pensée qui sous le voile du mythe se cache de la théologie savante ou de la philosophie.

— Clémence RAMNOUX

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'université de Paris, ancien professeur à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Clémence RAMNOUX. PHÉRÉCYDE DE SYROS (VIe s. av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SEPT SAGES LES

    • Écrit par Clémence RAMNOUX
    • 448 mots

    Titre sous lequel Diogène Laërce honore Thalès de Milet, Bias de Priène, Solon d'Athènes, Chilon de Sparte, Périandre (tyran de Corinthe), Épiménide de Crète, Phérécyde de Syros, Pittacos de Mitylène, Cléobule de Lindos (à Rhodes), Myson (originaire d'une obscure bourgade continentale)...

Voir aussi