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PERCEPTION DU TEMPS

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Les propriétés de la perception du temps

On observe deux propriétés fondamentales dans le jugement prospectif du temps. Selon la première, l’estimation temporelle est en moyenne précise, de telle sorte que la durée subjective approche la durée de référence. Selon la seconde, la variabilité (déviation standard) du jugement temporel augmente avec la longueur de la durée à estimer. Autrement dit, plus la durée est longue, plus sa représentation est « bruitée ». Le seuil différentiel, c’est-à-dire la plus petite quantité nécessaire pour différencier deux durées, augmente alors avec leurs longueurs. De plus, conformément à la loi de Weber-Fechner, la valeur de ce seuil augmente de façon proportionnelle (scalaire) avec la quantité temporelle.

Si ces deux propriétés (lois) dites scalaires ont été mises en évidence dans la plupart des études en psychologie, d’autres ont également été observées. Ainsi, selon la loi de Vierordt, les durées les plus courtes tendent à être surestimées et les plus longues sous-estimées. Ce biais révèle que le jugement des durées n’est pas absolu, mais dépend du contexte dans lequel il est effectué, notamment de la distribution des durées estimées (tendance centrale). On trouve par ailleurs de nombreux exemples de distorsions temporelles, où le temps subjectif semble se dilater ou se contracter selon l’activité du sujet ou la nature des stimuli. Par exemple, la durée d’un stimulus est jugée plus courte qu’elle ne l’est en réalité en situation de double tâche, et plus longue en présence d’un stimulus émotionnel fortement activateur sur le plan physiologique, comme le visage d’une personne en colère. À l’origine de ces distorsions, il y a l’attention accordée au temps qui passe et les effets automatiques de l’élévation du niveau d’éveil sur le rythme de l’horloge interne. Des recherches en cours tentent d’expliquer dans quelles circonstances, mais aussi pourquoi et comment, notre cerveau, doté d’un système d’horloge interne, produit ces distorsions temporelles, afin de mieux comprendre les limites et particularités des mécanismes de la mesure du temps.

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Écrit par

  • : professeure des Universités en psychologie, Laboratoire de psychologie sociale et cognitive, CNRS, UMR 6024, université Clermont-Auvergne, Clermont-Ferrand

Classification

Pour citer cet article

Sylvie DROIT-VOLET. PERCEPTION DU TEMPS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 20/09/2019

Autres références

  • DÉVELOPPEMENT DU TEMPS, psychologie

    • Écrit par
    • 2 097 mots
    ...l’évaluation de la durée d’événements ou de l’intervalle temporel entre deux événements, de quelques millisecondes à plusieurs minutes, on parle de perception du temps. La perception du temps n’est pas une capacité spécifique à notre espèce. Les animaux comme les êtres humains sont capables d’estimations...
  • PERCEPTION (notions de base)

    • Écrit par
    • 3 227 mots
    Il en va de même en ce qui concerne le temps. Nous ne percevons pas le temps, nous percevons dans un temps que nous construisons. « Un chemin “objectivement” plus long peut être plus court qu’un chemin “objectivement” très court [...] si ce chemin paraît à celui qui le parcourt infiniment long », note...
  • TROUBLES DISSOCIATIFS

    • Écrit par
    • 4 724 mots
    ...vis-à-vis de son propre fonctionnement mental (émotions, pensées, souvenirs, etc.), de son corps ou de son identité personnelle. Une déformation de la perception du temps peut également être associée. La déréalisation se caractérise quant à elle par la survenue d’expériences d'irréalité ou de détachement...