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PENG PAI[P'ENG P'AI](1895-1928)

Premier parmi les communistes chinois à vouloir organiser la paysannerie et en cela précurseur de l'action de Mao Zedong, Peng Pai naît à Haifeng (Guangdong) dans une famille aisée. Il étudie l'économie politique à Tōkyō et, au contact de l'intelligentsia socialiste japonaise, s'intéresse de près aux problèmes agraires. Après sa participation à Tōkyō, en 1919, aux manifestations du 4-Mai, il rentre en Chine, diplômé de l'université Waseda, et rejoint en 1921 l'organisation naissante du Parti communiste chinois (P.C.C.).

Maître du Guangdong, exerçant ses fonctions sous l'autorité nominale de Sun Yat-sen et disposé à mettre sur pied une réforme agraire modérée, le général Chen Jiongming invite Chen Duxiu et Peng Pai à diriger dans cette province le département de l'éducation. Peng Pai accepte de superviser les écoles nouvelles du district de Haifeng, son pays natal ; il s'empresse de faire connaître aux étudiants et aux paysans la pensée socialiste et leur montre la nécessité d'une réforme agraire. Aidé par des étudiants revenus du Japon, il fonde un journal et une association pour l'étude du socialisme, mais en 1922, il est renvoyé sous la pression des propriétaires fonciers exaspérés par les manifestations revendicatives des paysans.

Peng Pai ne désarme pas : poursuivant son action de propagande et d'agitation auprès des paysans de la région de Canton, il fonde en 1923 l'Association paysanne de la fédération de Haifeng ; il met sur pied un système d'écoles gratuites, d'équipements sanitaires et agricoles ; il réclame, en outre, la réduction des impôts fonciers et de taxes diverses, et la constitution d'une commission des litiges. Élargi aux tireurs de pousse de Hong Kong, anciens paysans ruinés chassés vers le lumpenproletariat urbain, le mouvement rencontre un immense succès dans les districts voisins (Lufeng, Huiyang, Puning) et regroupe bientôt 130 000 membres. Très vite, les autorités provinciales et la gentry s'effrayent de l'ampleur de cette vague révolutionnaire paysanne. Jiongming dénonce l'association comme un appendice du P.C.C. et la dissout. Peng Pai réduit l'activité de son organisation (mars 1924) et prend la tête du département provincial de la paysannerie, coiffé alors par Lin Boqu ; ce département est un organisme qui a été créé en janvier 1924 à l'initiative du Guomindang (GMD) désireux de mettre en œuvre, à la suite de son premier congrès national, la politique de collaboration GMD-P.C.C. Peng Pai favorise alors l'extension du mouvement paysan mais se heurte à Chen Jiongming qui intervient en force pour barrer la route à la radicalisation du mouvement. Forcé de reculer devant la répression, Peng Pai revient à Haifeng après que Tchiang Kai-chek ait réussi à soumettre à l'autorité du GMD le général Chen Jiongming (1925). Malgré les exhortations du comité central du P.C.C. agissant sur ordre du Komintern qui lui demandent d'éviter les « excès », Peng Pai poursuit la radicalisation au sein des unions paysannes, expropriant les riches (parfois apparentés à sa propre famille), réduisant sensiblement les taxes et poussant parfois à la violence. Il assure en outre des fonctions régionales pour le P.C.C. En 1927, il se rend à la conférence des leaders du mouvement paysan, y rencontre Mao Zedong et Feng Zhimin et, lors du Ve congrès national du P.C.C., entre au comité central et au comité exécutif de l'Union paysanne chinoise alors dirigée par Mao Zedong.

Après la rupture brutale entre le GMD et le P.C.C., Peng Pai rejoint l'insurrection de Nanchang, avec Zhou Enlai, Li Lisan et Zhang Guotao, et accompagne les généraux communistes rebelles Ye Ting et He Long. La terreur blanche s'est abattue sur les districts contrôlés par les unions paysannes, mais la plupart des cadres[...]

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Michel HOANG. PENG PAI [P'ENG P'AI] (1895-1928) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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