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PELADAN JOSEPH dit JOSÉPHIN (1859-1918)

Partisan de l'ésotérisme et fondateur d'un ordre rosicrucien catholique, Joséphin Peladan, qui se donnait le titre de sâr, hérité, prétendait-il, d'un ancêtre roi babylonien, faisait grand cas de Fabre d'Olivet tout comme son contemporain Stanislas de Guaïta, le fondateur, en 1889, de l'Ordre kabbalistique de la Rose-Croix. Peladan entra immédiatement dans cet ordre, en même temps que Papus, mais s'en sépara avec fracas en 1890 après avoir créé une société dissidente, l'Ordre de la Rose-Croix, du Temple et du Graal, appelée aussi la Rose-Croix catholique. Il cherchait, en effet, dans ce qu'il croyait être la tradition rosicrucienne, les jalons d'une science perdue et commanda à Erik Satie une Marche des Rose-Croix...

Pas plus chez Peladan que chez Guaïta, ce désir de renouer avec une tradition hermétique ne s'accompagnait des travaux sérieux et approfondis qui eussent été nécessaires pour constituer un corps de doctrine. D'ailleurs, les deux ordres s'opposèrent vite : on se lança des anathèmes, dans un combat que le public qualifia de guerre des Deux-Roses ; aux côtés du sâr, on trouvait des esthètes tels que Gary de Lacrose, Élemir Bourges, Saint-Pol Roux ; aux côtés de Guaïta, des hermétistes purs : Papus, Barlet, Paul Adam, Oswald Wirth. Le sâr voulait rénover le catholicisme en s'appuyant sur l'ésotérisme contenu dans cette religion et même fonder le premier sur le second, ou plutôt sur l'occultisme.

Malheureusement, ses excentricités verbales le firent souvent sombrer dans le ridicule ; il avait le goût des excommunications, des provocations paradoxales. Il reste néanmoins un écrivain de grand talent (Le Vice suprême, 1884 ; Comment on devient fée, 1893 ; De Parsifal à don Quichotte, 1906 ; Les Amants de Pise, 1912 ; Les Dévotes d'Avignon, 1922) et son mérite dans l'histoire des idées fut d'avoir contribué à susciter un intérêt fervent pour les sciences traditionnelles. Il occupe aussi une bonne place dans la littérature symboliste en France. Son « lyrisme aux raffinements byzantins et pervers, écrit Alain Mercier, ne manque pas toujours d'une certaine originalité et atteint parfois à la vraie poésie » (Les Sources ésotériques et occultes de la poésie symboliste, 1870-1914, Paris, 1969). Il a, de plus, donné droit de cité à deux thèmes que les symbolistes reprendront en les orchestrant de diverses manières : celui du mage et celui de l'androgyne (L'Androgyne, Paris, 1891).

— Antoine FAIVRE

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section), professeur à l'université de Bordeaux-III

Classification

Pour citer cet article

Antoine FAIVRE. PELADAN JOSEPH dit JOSÉPHIN (1859-1918) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LÉONARD DE VINCI (1452-1519)

    • Écrit par André CHASTEL
    • 12 038 mots
    • 9 médias
    ...découvertes considérables dans les écrits enfin révélés de Léonard après 1882, il devint habituel de le traiter en précurseur universel. Ainsi lit-on chez Péladan : « Les représentants de chaque branche du savoir humain sont venus témoigner de l'universalité de Léonard. L'astronome a salué le précurseur de...
  • OCCULTISME

    • Écrit par René ALLEAU
    • 1 322 mots
    ...à laquelle devait apparaître le mouvement occultiste de la Belle Époque, illustré principalement par les œuvres de Stanislas de Guaïta (1861-1897), Joséphin Péladan (1850-1915), Paul Sédir (Yvon Le Loup, 1871-1926), Grillot de Givry (1874-1929), Paul Choisnard (1867-1930), Ernest Bosc (1837-1920),...
  • ROSE-CROIX

    • Écrit par Antoine FAIVRE
    • 3 044 mots
    ...Fictuld sur la Rose-Croix d'or. La même année, Stanislas de Guaïta fonde l'ordre kabbalistique de la Rose-Croix, dont font aussi partie Papus et Peladan ; le terrain avait été préparé par Eliphas Levi. Mais Peladan se sépare de cet ordre pour créer une société dissidente, l'ordre de la Rose-Croix,...
  • SATIE ERIK (1866-1925)

    • Écrit par Michel PHILIPPOT
    • 1 906 mots
    ...que, alors pianiste au Chat-Noir, accompagnateur du chansonnier Vincent Hyspa, Satie fut séduit par un étrange personnage qui se faisait appeler le sār Peladan (en réalité Joséphin Peladan), auteur de L'Androgyne et du Vice suprême. Sous l'influence du sār, il écrit des Sonneries pour la...

Voir aussi