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PAULICIENS

Apparus vers le milieu du viie siècle, les pauliciens constituaient une secte dualiste qui se rattachait au manichéisme, et qui forma probablement le premier anneau d'une chaîne conduisant aux bogomiles, puis de ceux-ci aux cathares. Le paulicianisme semble être né en Arménie entre Erzeroum et Erzincan, d'où, fuyant une première persécution, l'un des membres de la secte, Constantin, surnommé Silvanus, passa en territoire byzantin et fonda dans le Pont une Église appelée « Macédoine ». De 662 à 689, il rayonna dans la région avant d'être martyrisé. Son successeur, Siméon, dit Titus, porta l'hérésie à Constantinople, puis fut exécuté à son tour. Vers 717, l'Église paulicienne fut réorganisée en Pharnacie (l'actuelle région de Hereke) par Gegnesios-Timothée, fils de l'Arménien Paul, à qui la secte doit peut-être son nom. De nombreux schismes marquèrent l'histoire de celle-ci, notamment celui qui opposa jusque vers 835 les baaniotes — partisans de Baanès, qui fut chef de l'Église paulicienne après 783 — et les disciples de Sergius-Tychikos, dont l'apostolat avait donné au mouvement une grande vigueur. Le paulicianisme se répandit dans les contrées orientales de l'Empire byzantin et en Arménie, où il établit de puissantes communautés peu à peu organisées en Église. Par ses doctrines (dualisme opposant le Dieu créateur, maître de l'actuel monde visible, et le Dieu bon, père du monde invisible et à venir ; rejet de l'Ancien Testament, de la réalité de l'Incarnation, des sacrements, des cultes et de la hiérarchie de l'Église officielle), il apparut aux yeux des contemporains comme une résurgence du manichéisme et se montra pendant longtemps redoutable à l'orthodoxie religieuse de l'État byzantin. Il menaçait même ce dernier dans le domaine politique et militaire ; et, notamment sous la conduite de chefs tel que Karbéas et son neveu Chrysokheir, qui s'allièrent aux Arabes, il tint tête aux troupes impériales.

Sur l'ordre de l'empereur Constantin V Copronyme (741-775), puis de Jean Tzimiskès, époux de l'impératrice Théodora (969-976), les pauliciens furent déportés en masse de Syrie et d'Arménie en Thrace et dans les environs de Philippopolis (Plovdiv), où ils exercèrent leur prosélytisme. Ainsi peut-on admettre qu'ils ont contribué, avec d'autres groupes tels que les euchites et les messaliens, à faire naître en ces régions, dans le premier tiers du xe siècle, le mouvement des bogomiles que l'un de ses premiers témoins, le patriarche de Constantinople, Théophylacte (933-956), dénonce, dans une lettre au « tsar » Pierre de Bulgarie (927-969), comme « un manichéisme mâtiné de paulicianisme ».

— Richard GOULET

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle, chargé de recherche au C.N.R.S.

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Richard GOULET. PAULICIENS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )