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PARTIS POLITIQUES Fonctionnement

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Frontières partisanes

Le P.C.F. a fourni le modèle du parti-appareil centralisé, revendiqué sous la bannière du « centralisme démocratique » (discipline, efficacité, unité, dévouement). Contrairement à ce modèle, les travaux de Bernard Pudal en 1991 et de Frédérique Matonti en 2005 considèrent toute relation partisane comme un champ de luttes et de forces.

Frontières internes

Il faut d'abord repérer des frontières internes, reconnues ou fluides (mais parfois interdites comme anciennement dans les partis communistes) que sont les sous-entreprises constituées (« courants », « fractions », « mouvements ») autour d'une équipe se réclamant d'un courant de pensée et/ou d'un leader (l'ancien Nouveau Parti socialiste au P.S., le courant Autonomie ouverture convergences chez les Verts), doté de prérogatives et de structures diversement sophistiquées (autonomie financière, représentation proportionnelle dans la distribution des postes, organes d'expression et de formation, clubs de réflexion...). Les groupes parlementaires, malgré l'affaissement généralisé des parlements, peuvent être des lieux d'accumulation de ressources dans les jeux intra-partisans.

Les frontières locales ont été bien mises en valeur par les politistes Jean-Louis Briquet, Frédéric Sawicki, Rémi Lefebvre, Julian Mischi et Julien Fretel. Ils ont montré comment un même sigle partisan peut être représenté de façon différente sur le plan local, en fonction des liens historiques unissant des groupes sociaux, des groupes d'intérêt et des associations et des équipes partisanes et du travail politique mené par les leaders faisant exister localement le parti. Au niveau national, les formulations « l'U.M.P. pense que » ou « le P.S. dit que » permettent de prêter vie à des acteurs collectifs, de faire croire à leur existence rassemblée et de faire agir sur le papier un groupe que seules certaines occurrences donnent à voir (un congrès par exemple) ; de l'homogénéiser relativement en l'incarnant dans des symboles, des hommes, des emblèmes, des chants, des mots, une culture partisane, un esprit de parti, une identité globale et transférable.

Définir un parti comme une relation sociale implique de dépasser une vision statutaire. En effet, les agents figurant sur les organigrammes à la même place n'ont pas les mêmes ressources et ne sont pas égaux. Définir un parti suppose aussi de repérer les interactions nodales qui permettent de comprendre quels sont les lieux et les jeux qui comptent, et surtout de construire l'espace du parti et de ceux qui le représentent et le font agir.

Partis et société

On ne peut pas comprendre le fonctionnement du champ politique sans prendre en considération les champs adventices qui concurrencent le monopole de production des rôles et des enjeux politiques (Offerlé, 2004). En effet, le fonctionnement des partis ne s'explique pas sans prendre en compte l'interdépendance et l'interpénétration qui rattachent les activités partisanes à d'autres sphères sociales du point de vue de ses financements, de ses prises de position, et de ses enracinements sociétaux : ces échanges peuvent être à la fois des contraintes et des ressources.

Certains intérêts économiques peuvent, par le financement, l'expertise et une socialisation semblable des deux élites, politique et économique, aboutir à des décisions ponctuelles conformes et à la diffusion de cadrages naturalisés aboutissant à transformer le travail partisan en accompagnement de la gestion des utilités économiques. Ici comme ailleurs, les rhétoriques de la corruption sont des obstacles à la compréhension fine de ces échanges ; et ce d'autant plus que le champ politique est autonome et l'institution étatique développée. Mais le degré auquel cette autonomie est effective varie fortement. Dans nombre de pays, les dirigeants des[...]

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Écrit par

  • : professeur de sciences politique, université de Paris-I, Centre de recherches politiques de la Sorbonne, Laboratoire de sciences sociales de l'École normale supérieure

Classification

Pour citer cet article

Michel OFFERLÉ. PARTIS POLITIQUES - Fonctionnement [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009

Autres références

  • ABSTENTIONNISME

    • Écrit par
    • 6 313 mots
    • 3 médias
    Si des citoyens se rendent dans les bureaux de vote, c'est aussi parce qu'ils y ont été incités (Steven J. Rosenstone et John Mark Hansen). Les partis, les militants, les mouvements sociaux et des groupes d'intérêts déploient beaucoup d'énergie pour mobiliser les citoyens. Les candidats cherchent...
  • AFRIQUE DU SUD RÉPUBLIQUE D' ou AFRIQUE DU SUD

    • Écrit par , , , , , , et
    • 29 784 mots
    • 28 médias
    ...voix. Depuis sa légalisation, l'ANC, comme la plupart des organisations politiques du pays, s'est progressivement transformé de mouvement de libération en parti politique, en poursuivant une véritable révolution organisationnelle accompagnée d'une modification profonde de la composition sociale de ses militants...
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République fédérale d'Allemagne jusqu'à la réunification

    • Écrit par et
    • 16 391 mots
    • 10 médias
    « 1. Les partis concourent à la formation de la volonté politique du peuple. Leur fondation est libre. Leur organisation interne doit être conforme aux principes démocratiques. Ils doivent rendre compte publiquement de la provenance de leurs ressources.
  • ALLEMAGNE - Les institutions

    • Écrit par
    • 4 249 mots
    ...présentées dans chacun des seize Länder. Pour participer à la répartition des sièges par le biais de la seconde voix, qui se déroule à la proportionnelle, un parti politique doit avoir obtenu au moins 5 p. 100 des suffrages exprimés à l’échelon fédéral ou remporté 3 mandats directs par le biais de la première...
  • Afficher les 102 références