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OUYANG XIU[NGEOU-YANG SIEOU](1007-1072)

Un style original

Malgré ses réussites impressionnantes dans les domaines de l'histoire et de la philologie canonique, Ouyang Xiu est surtout connu comme homme de lettres. C'est en très grande partie grâce à l'excellence de ses écrits que la prose appelée « style ancien » (guwen) s'est imposée au « style courant » (shiwen) hérité du « style parallèle » (pianwen) du Moyen Âge et est restée la forme de prose normale pour les lettrés jusqu'au début du xxe siècle. Son importance dans l'histoire de la poésie régulière ( shi) est aussi très grande. En s'opposant au style xi kun de la fin des Tang, « c'est lui qui jeta les bases de la poésie Song [...] Lire ses (plus de huit cents) poèmes dans l'ordre chronologique, c'est non seulement voir la maturation d'un artiste, mais aussi la naissance d'un style poétique entièrement nouveau » (Yoshikawa). C'est encore Ouyang Xiu qui écrivit le premier recueil de « causeries sur la poésie » – shihua –, donnant naissance à un genre de critique littéraire qui allait connaître un grand destin. Ce n'est peut-être que comme écrivain des ci, poésies chantée en vers irréguliers, qu'il montre moins d'originalité. De ses deux recueils de ci, Liuyi ci et Zuiwong qinqu waipian – près de 250 ci en tout –, le premier, composé de ci simples et directs, est l'héritier des poèmes des Cinq Dynasties, mais le deuxième contient des ci d'une facture très différente. Rempli de locutions en langue vulgaire et de sentiments érotiques, il est bien plus original et appartiendrait à l'école de son contemporain Liu Yong. La critique chinoise semble de plus en plus disposée à admirer le dernier recueil plus que le premier et à le trouver authentique, en opposition aux avis des critiques traditionnels qui ont refusé de croire qu'un confucianiste puisse se livrer à la composition de pièces aussi « frivoles » et « licencieuses ».

Mais le confucianisme de Ouyang Xiu est à l'image de l'homme, un homme plein de vitalité créatrice, ouvert à tout et à tous (le chef de file du parti conservateur aussi bien que celui du parti novateur, Su Shi et Wang Anshi, qui animaient l'histoire politique des Song du Nord, se disaient tous deux ses disciples). C'était un rationaliste effréné, un antibouddhiste farouche qui pourtant gardait des amis bonzes et n'était pas insensible à la religion : on raconte qu'il fut un jour si envoûté par l'excellence du sermon d'un prédicateur de talent qu'il ne voulut pas partir. Trop franc pour rester longtemps au pouvoir, trop « engagé » pour être un historien parfaitement impartial, il a donné le meilleur de lui-même dans sa poésie et surtout dans sa prose ; celle-ci garde aujourd'hui une fraîcheur, une force et une limpidité presque sans pareilles dans le grand patrimoine littéraire chinois.

— Donald HOLZMAN

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Écrit par

  • : ancien directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Pour citer cet article

Donald HOLZMAN. OUYANG XIU [NGEOU-YANG SIEOU] (1007-1072) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GU WEN [KOU WEN]

    • Écrit par Odile KALTENMARK
    • 1 170 mots
    ...siècle montrent un esprit de tolérance qui les fait appartenir tour à tour aux deux écoles, selon qu'ils écrivent un traité de philosophie ou un poème. Ouyang Xiu (1007-1072) est le chef de file de ce second mouvement gu wen. On dit qu'il a fondé, dans sa jeunesse, une société pour publier les œuvres de...

Voir aussi