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ORMOUZ ou HORMUZ

Petite île à l'entrée du golfe Persique, dans le détroit qui porte son nom, Ormouz est caractérisée par sa morphologie contrastée (plaine littorale, collines déchiquetées d'ocre rouge, de sel gemme, de minerais de fer et de cuivre, d'argile verte), la rareté de la végétation, les larges incrustations salines et le bleu de la mer teintée de reflets rouges. En dépit de conditions naturelles défavorables (chaleur estivale intolérable, manque de précipitations), cet îlot joua un rôle économique considérable du xve au xviie siècle.

Ce toponyme s'est appliqué d'abord à une principauté continentale arabo-persane, connue depuis l'Antiquité, dont le chef-lieu Ormouz (ou Hormuz, sur la rivière de Mināb, la plus belle palmeraie d'Iran) assurait le débouché commercial du Kirmān. Important marché de l'indigo avant l'époque mongole, la place attirait déjà, dit-on, tout le commerce de l'Inde (Marco Polo note aussi l'importance de ses exportations de chevaux). Au début du xive siècle, le prince d'Hormuz abandonna sa capitale sujette aux incursions turco-mongoles et fonda la nouvelle Hormuz sur l'île de Djārūn. Ces deux toponymes — Hormuz et Djārūn — devinrent interchangeables pour désigner la capitale, l'île ou le royaume. La nouvelle Hormuz supplanta bientôt l'île de Qays et devint le grand emporium du golfe Persique, centralisant toutes les marchandises en provenance de l'Inde ; le royaume étendait sa domination sur les îles et le littoral du golfe et sur la côte de l'Omān. Conquis par les Portugais au début du xvie siècle (blocus d'Albuquerque en 1507-1508 ; forteresse, encore visible, construite en 1515 et installation d'une garnison), cet État cosmopolite fut jusqu'à la conquête de shāh 'Abbās (aidé d'une flotte anglaise en 1622) un des principaux points d'ancrage de l'empire maritime portugais. Supplanté alors par le nouveau port de Bandar 'Abbās, l'îlot ne retrouva jamais sa prospérité. L'exploitation de ses ressources naturelles joue cependant un rôle dans l'économie iranienne (mine d'ocre, minerai de fer et sel destinés à l'exportation).

— Jean CALMARD

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Écrit par

  • : chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Jean CALMARD. ORMOUZ ou HORMUZ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • INDIEN HISTOIRE DE L'OCÉAN

    • Écrit par André BOURDE, Jean-Louis MIÈGE
    • 14 268 mots
    • 8 médias
    ...réputés tributaires de l'Empire sept expéditions de prestige qui soumirent éphémèrement Ceylan, Calicut et même (pour la première fois au-delà de l'Inde) Ormuz, dans le golfe Persique, Aden en Arabie et Mogadiscio en Afrique orientale. Mais ces expéditions que ne suivirent ni le commerce ni l'implantation...
  • IRAK

    • Écrit par Loulouwa AL RACHID, Brigitte DUMORTIER, Universalis, Philippe RONDOT, Pierre ROSSI
    • 29 452 mots
    • 25 médias
    ...la restauration des droits nationaux arabes usurpés par l'Iran, cette dernière revendication ayant trait plus spécialement au sort du Khouzistan (l'Arabistan) et à celui des trois îles arabes, Abou Moussa, Petite et Grande Tomb, dans le détroit d'Hormuz, occupées par l'Iran depuis 1971.
  • PERSIQUE GOLFE

    • Écrit par Jean CALMARD
    • 852 mots

    Site qui constitue, avec ses prolongements (plaines alluviales de Mésopotamie et du Khūzistan), une dépression située entre la plate-forme arabique et les chaînes sud-ouest du Zagros iranien. Le golfe Persique proprement dit est une mer fermée dont les fonds ne dépassent 100 mètres...

Voir aussi