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ELIASSON OLAFUR (1967- )

Danois d'origine islandaise né en 1967 et installé à Berlin, Olafur Eliasson a commencé à exposer à la fin des années 1990. Il a surtout signé l'une des œuvres les plus marquantes de l'année 2003 en installant dans le grand hall des turbines de la Tate Modern de Londres, son Weather project. Deux millions de visiteurs et six mois plus tard, son installation sensible était devenue une légende. À partir de l'expérience toute locale du climat britannique, et surtout de son indice culturel, Olafur Eliasson a hissé un soleil artificiel à 35 mètres de hauteur, amplifié par un plafond de miroirs. L'artiste propose ici un sentiment de sublime totalement composite, un moment de contemplation immergé dans un jaune qui sature la rétine. Le sentiment de la nature passe ici par une construction bien visible à partir de néons. Eliasson a toujours cherché à stimuler la perception chez son visiteur, sans effet d'illusion. Ici l'utilisation de cette teinte fait basculer la vision en noir et blanc, et le cerveau, allégé en informations, gagne en acuité visuelle. Cette expérience à la fois perceptive, émotive, psychologique et physique, replace l'homme dans un paysage monochrome fait de miroirs et de lampes tungstène mono fréquence, un environnement croisant la science avec l'art, à la manière de certains romantiques au xixe siècle. Eliasson aime à souligner que tout est culture bien plus que nature, mais sans doter son discours d'une quelconque phraséologie écologiste. Son exploration des sciences cognitives lui a permis de mener ces dernières années une recherche plastique, à la fois belle et intelligente, qui a pour centre la perception du visiteur : « Mon travail porte sur l'implication du public... Ce qui m'intéresse c'est le décalage entre ce que nous voyons et l'attente de ce que nous en avons. »

« Je ne suis ni un météorologiste, ni un botaniste, j'essaie de maintenir dans mon esprit, un discours ouvert », dit encore cet artiste qui a reconstitué des tornades, importé au musée d'Art moderne de la Ville de Paris un champ de lave (Lavafloor, 2002) et recréé les chutes du Niagara sous le pont de Brooklyn à New York (2008). Eliasson veut surtout « créer des interprétations, des représentations qui n'engagent que l'individu concerné. » La subjectivité est d'ailleurs dans l'air du temps : plusieurs artistes manipulent eux aussi les sciences cognitives afin de stimuler la perception physique et mentale comme chez Carsten Höller. Mais, à la différence de ce dernier, Eliasson mène une campagne de sensibilisation douce et légère, jouant avec la dimension magique des expériences qu'il élabore avec des éléments naturels. Avec la coloration en vert acide de plusieurs fleuves à Brême, Moss, Los Angeles, Stockholm en 1998, (Green River), il a démontré le rôle de l'environnement dans la construction du regard public. À l'époque, le geste fut anonyme pour laisser totalement ouvertes les lectures, de l'éco-guérilla à une pollution éventuelle, histoire de replacer ces cours d'eau au cœur du schéma comportemental urbain. Eliasson ne brasse pas les grands idéaux écologiques ni les codes de l'esthétique de la catastrophe, mais préfère offrir une renaturalisation du sujet observé. En rendant quantité de phénomènes visibles, il développe l'acuité du visiteur comme personne : « Il s'opère une inversion du sujet et de l'objet, le spectateur devient l'objet, l'environnement devient le sujet. »

Olafur Eliasson conçoit Starbrick (2009), un module lumineux, qui fonctionne comme un objet indépendant ou qui peut être assemblé pour former des éléments architecturaux. En 2011, l’artiste installe Your Rainbow Panorama, une passerelle circulaire de 150 mètres de long, munie de vitres de verre coloré, située[...]

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Écrit par

  • : critique d'art, historienne de l'art spécialisée en art écologique américain

Classification

Pour citer cet article

Bénédicte RAMADE. ELIASSON OLAFUR (1967- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BERLIN (foyer culturel)

    • Écrit par Lionel RICHARD
    • 4 420 mots
    • 4 médias
    ...jeunes gens artistiquement actifs qui choisissent de se fixer temporairement à Berlin et parviennent à y conquérir une relative célébrité sont rares. Le Danois Olafur Eliasson, qui a aménagé son atelier dans une ancienne brasserie de Prenzlauer-Berg en 2008, a été honoré d’une exposition en 2010...
  • INSTALLATION, art

    • Écrit par Bénédicte RAMADE
    • 3 512 mots
    • 1 média
    À la clôture du spectateur, à son repli dans un espace clos et quasi matriciel, l'artiste islandaisOlafur Eliasson a préféré une agora, un espace où l'expérience collective se mêle à la contemplation. Pour The Weather project (2003), l'artiste a ainsi composé une installation géante à...

Voir aussi