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ŌKUBO TOSHIMICHI (1830-1878)

Homme d'État japonais. Né dans une famille d'humbles officiers de Satsuma, Ōkubo Toshimichi fut remarqué par ses seigneurs et put entrer dans le service financier du gouvernement du fief. Il fit partie du groupe des jeunes officiers réformistes et, à partir de 1866, il collabora avec Saigō Takamori en vue de la guerre contre le bakufu. Il entretint des relations avec les nobles civils de Kyōto favorables à la restauration du gouvernement impérial. Il prépara le coup d'État du 3 janvier 1868 par lequel la cour impériale devait annoncer le « retour à l'ancienne monarchie ». Bientôt membre du collège inférieur du nouveau gouvernement impérial, il mena à bien avec Saigō Takamori et Kido Takayoshi l'abolition des fiefs et la réorganisation de l'administration intérieure. Ministre des Finances en 1871, il partit pour les États-Unis et l'Europe avec l'ambassade d'Iwakura Tomomi. Dépêché au Japon, en 1873, avant le retour de la délégation, il entreprit d'éliminer Saigō du pouvoir. Une fois Iwakura rentré, il provoqua le coup d'État du 24 octobre 1873 qui contraignit Saigō à la démission. Il créa le ministère de l'Intérieur, organisa la police et, pour appliquer son programme de modernisation et de centralisation, il prit en pratique le pouvoir, avec la collaboration d'Itō Hirobumi, ministre de l'Industrie, et d'Ōkuma Shigenobu, ministre des Finances. Ces deux derniers, inquiets de la mésentente entre Ōkubo et Kido, ménagèrent le rapprochement des deux hommes au cours de ce qu'il est convenu d'appeler les conférences d'Ōsaka, au début de 1875. À la suite de ces pourparlers, l'édification progressive d'un régime constitutionnel fut annoncée par rescrit impérial, des assemblées des hauts fonctionnaires des départements furent prévues, une Chambre des anciens (Genrōin) fut instituée pour la rédaction de projets de Constitution, un tribunal suprême fut créé pour marquer la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire. Cependant, importuné par le mouvement de démocratie parlementaire animé par Itagaki Taisuke, qui avait participé aux conférences d'Ōsaka, Ōkubo fit promulguer, dès la même année, la première loi de Meiji sur la censure de la presse. Toujours soucieux de pousser plus avant le processus de centralisation, il décida d'en finir avec l'opposition de Saigō, fomenta la guerre de Satsuma, en 1877, amenant ainsi son ancien fief à se soumettre de façon définitive au régime nouveau. Il fut sauvagement assassiné, le 15 mai de l'année suivante, par des officiers fidèles à la mémoire de Saigō. Ōkubo Toshimichi, qui s'inspira du modèle de Bismarck, laissa le souvenir d'un despote : il est vrai que, conscient des dangers de la persistance de l'idéal de la féodalité, il avait instauré un système autoritaire que devait tempérer plus tard Itō Hirobumi.

— Paul AKAMATSU

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Pour citer cet article

Paul AKAMATSU. ŌKUBO TOSHIMICHI (1830-1878) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JAPON (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Paul AKAMATSU, Vadime ELISSEEFF, Universalis, Valérie NIQUET, Céline PAJON
    • 44 405 mots
    • 52 médias
    ...l'alliance entre Satsuma, Chōshū et Tosa était alors faite. Saigō Takamori fomentait une guerre subversive dans le centre du Japon et à Edo même. Son collègue Ōkubo Toshimichi préparait le coup d'État, de connivence avec certains membres de la noblesse civile de Kyōto, avec l'accord d' Itagaki Taisuke de Tosa...
  • SAIGŌ TAKAMORI (1828-1877)

    • Écrit par Paul AKAMATSU
    • 470 mots

    Homme d'État japonais. Né dans une famille d'humbles officiers de Satsuma, Saigō Takamori bénéficia néanmoins d'une promotion rapide et fut revêtu de missions spéciales par son daimyō pour œuvrer en faveur de l'entrée des daimyō dans le gouvernement shōgunal. C'est ainsi qu'il...

Voir aussi