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NATTIER JEAN-MARC (1685-1766)

Fils de portraitiste et élève de Rigaud, Nattier débute dans la carrière de peintre d'histoire sous l'influence de Charles Le Brun et sous la tutelle de son parrain, Jean Jouvenet. Lors d'un séjour en Hollande, il est pressenti pour travailler pour le tsar Pierre le Grand. En 1718, il est reçu à l'Académie. Son style est alors celui de la grande tradition française. Il utilise les ressources du cadre architectural et de l'expression grandiloquente des personnages ; son chromatisme est franc. Mais Nattier ne connaît pas le succès ; sa ruine au moment de la banqueroute de Law l'oblige à se tourner vers le genre plus lucratif du portrait. En 1728, il peint sur commande le maréchal de Saxe et connaît dès lors une certaine faveur. C'est, à plus de quarante ans, le début d'une nouvelle carrière qui s'affirme avec le Portrait de Mlle de Clermont prenant les eaux (1729). Par le choix du propos comme par les moyens picturaux, il instaure une nouvelle façon de présenter le portrait, dans lequel la haute société du milieu du xviiie siècle veut se reconnaître, qui a eu la faveur des grands amateurs du xixe siècle. Élégance de la pose, fraîcheur et clarté du coloris, fantaisie du rendu des accessoires s'ajoutent à l'expression sereine et joyeuse des visages féminins. Des œuvres superficielles, mais agréables à l'œil. Le type du portrait mythologique (employé par Jean Raoux, déjà, mais pour des comédiennes) est désormais adopté par les dames de l'aristocratie et Nattier connaît pendant une douzaine d'années le succès parisien. Plus tard, reçu à la cour, il devient le portraitiste de la famille royale. La fameuse série des portraits des filles de Louis XV participe d'un effort de recréation du portrait par l'intégration d'une image d'actualité au monde poétique de l'Olympe. Nattier rejoint ainsi les chemins de la peinture d'histoire, spéculative et synthétique : l'univers recréé dans les portraits (tel celui de Madame Henriette en Flore) rejoint les nobles données de l'allégorie. Victime de sa facilité et de sa tendance à la répétition — « tous ses portraits se ressemblent, on croit voir la même figure » s'écrie Diderot excédé —, Nattier est trop souvent jugé sur le genre et non sur la qualité réelle de sa peinture, la liberté tranquille de sa touche et l'harmonie impeccable de son coloris.

<em>La Bataille de Lesnaya</em>, J.-M. Nattier - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

La Bataille de Lesnaya, J.-M. Nattier

Pierre le Grand (1672-1725) - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Pierre le Grand (1672-1725)

— Jean-Pierre MOUILLESEAUX

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Écrit par

  • : historien de l'art, chargé de mission à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites

Classification

Pour citer cet article

Jean-Pierre MOUILLESEAUX. NATTIER JEAN-MARC (1685-1766) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>La Bataille de Lesnaya</em>, J.-M. Nattier - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

La Bataille de Lesnaya, J.-M. Nattier

Pierre le Grand (1672-1725) - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Pierre le Grand (1672-1725)

Autres références

  • JEAN-MARC NATTIER (exposition)

    • Écrit par Marianne ROLAND MICHEL
    • 1 086 mots

    Les études sur les grands portraitistes du xviiie siècle étant rares, saluons la belle exposition consacrée, du 26 octobre 1999 au 30 janvier 2000, à Jean-Marc Nattier au château de Versailles. Xavier Salmon a rédigé l'important catalogue, véritable monographie sur l'artiste : la dernière remontait...

Voir aussi