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JEAN-MARC NATTIER (exposition)

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Les études sur les grands portraitistes du xviiie siècle étant rares, saluons la belle exposition consacrée, du 26 octobre 1999 au 30 janvier 2000, à Jean-Marc Nattier au château de Versailles. Xavier Salmon a rédigé l'important catalogue, véritable monographie sur l'artiste : la dernière remontait à 1905 ! Les quelque quatre-vingts œuvres réunies permettaient de réviser certaines idées reçues.

Les premiers travaux de Nattier (1685-1766), de 1702 à 1704, sont des copies pour la gravure des peintures de Rubens au Luxembourg. Reçu à l'Académie de Saint-Luc en 1712, il attend 1718 pour entrer à l'Académie royale avec Persée pétrifiant Phinée. L'exposition cadrait une longue carrière d'une soixantaine d'années, rappelant que le peintre de la famille royale a attendu l'âge de cinquante-sept ans pour exécuter Madame Henriette en Flore. Il multipliera ensuite pendant près de vingt ans les effigies de la reine, de ses filles, de la dauphine et des petits-enfants royaux.

Nattier s'était déjà fait une clientèle prestigieuse, dès 1717, avec les portraits de Pierre Ier et de sa femme. Véritable peintre d'histoire, il représente Maurice de Saxe avec le Temps, le duc de Berwick avec l'Amour, Minerve et Mercure. Dans la même veine, il peint en 1729 Mademoiselle de Clermont aux eaux de Chantilly ; en 1732, le Duc de Richelieu en habit de novice du Saint-Esprit. À la mort du peintre Jean Raoux (1677-1734), le grand prieur d'Orléans lui commande, de 1737 à 1739, de grandes allégories : La Justice châtiant l'Injustice, La Prudence, La Force ou Thalie et Terpsichore. C'est alors qu'il met au point les portraits allégoriques qui feront une partie de sa renommée, peignant en Diane, Hébé ou Flore les femmes de la noblesse, de la finance, ou de la bourgeoisie (Mme Geoffrin). Cette pratique explique sans doute la répétition de vêtements et d'attitudes presque identiques, où seul change le visage, engendrant une monotonie qui lui a été reprochée, mais que l'exposition de Versailles n'engendrait pas.

En ce qui concerne les répliques, l'auteur du catalogue est formel : à la différence de Rigaud ou de Largillierre, Nattier n'avait pas d'atelier, et les exécutait lui-même sur demande, en se servant d'études préalables du visage et de dessins préparatoires (comme celui pour le Duc de Chaulnes en Hercule, ou pour Madame Henriette jouant de la basse de viole), fixant ainsi une fois pour toutes l'attitude du modèle pour ne pas multiplier les séances de pose. La vente de son cabinet fait état de nombreux dessins, études et pastels, d'oiseaux, plantes, paysages, aussi bien que d'armures et de portraits. C'est dire que la douzaine de dessins réunis ne sont qu'une infime partie de l'iceberg. De surcroît, les deux dessins d'académies présentés semblent difficiles à lui attribuer ; il s'agit plus vraisemblablement de dessins d'élèves de l'Académie, contresignés par Nattier, professeur en exercice.

Les recherches minutieuses de Xavier Salmon lui ont permis d'identifier un certain nombre de modèles, jusqu'ici mal nommés ou anonymes. L'on voit comment la reconnaissance du talent de Nattier est marquée par un cercle d'amateurs et d'artistes. Si, dans le milieu de la finance, le portraitiste Jacques Aved (1702-1766) se mesure à lui chez Crozat du Châtel, ou chez Dupleix de Bacquencourt, il n'aura jamais la clientèle princière ou royale de Nattier. Si le comte Tessin, arrivant à Paris en 1739, se fait portraiturer par Aved, il le regrette rapidement et demande à Nattier de peindre sa femme et sa nièce. Le diplomate lui fait aussi exécuter de nombreuses répliques de portraits féminins, constituant de la sorte en Suède la plus importante collection d'œuvres de Nattier dans l'Europe du [...]

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Marianne ROLAND MICHEL. JEAN-MARC NATTIER (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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