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VIVEKĀNANDA NARENDRANĀTH DATTA dit (1863-1902)

Maître spirituel hindou, Vivékânanda (Vivekānanda) se donna pour tâche de développer l'enseignement de son maître Râmakrishna (Rāmakṛṣṇa) et de le diffuser en Inde et à l'étranger. Sur son initiative, les disciples anciens et nouveaux se constituèrent en un ordre monastique ressemblant à ceux de l'Occident. Grâce aux deux orientations de l'ordre (missions à l'étranger et vie régulière des adeptes), la doctrine de Râmakrishna est toujours vivante, près d'un siècle après sa mort.

Le jeune aristocrate

Narèndra Nath Datta, qui devait prendre le nom de Vivékânanda, était né au Bengale dans une famille de l'aristocratie ; il reçut une éducation à l'occidentale, destinée à lui permettre d'accéder à de hautes fonctions dans les administrations publiques ou privées de la colonie britannique. Le père de Narèndra et toute sa famille vivaient une existence fantaisiste, vouée plus aux plaisirs qu'à la prévoyance. Narèndra faisait du sport (chose rare alors en Inde), sortait beaucoup ; grand, athlétique, parlant bien, il avait beaucoup de succès en société, ce qui ne lui déplaisait pas.

Les problèmes religieux ne lui restaient pourtant pas étrangers. Vers l'âge de vingt ans, il adhéra au Brahmo Samâj, cette « Société de Dieu » où des intellectuels (Tagore en fit partie) se rencontraient pour discuter de l'avenir des religions et de la réforme de l'hindouisme. Narèndra, qui se déclarait agnostique, s'y fit remarquer par son goût de la dialectique. À vingt-sept ans, il entendit parler de Râmakrishna et alla le voir à Dakshineshwar. La rencontre du mystique illettré, dévot de Kālī, entouré de disciples de toutes sortes, et du jeune seigneur fastueux et sarcastique dut être étonnante. Quelque chose de produisit, car les deux hommes aimèrent à dire plus tard que, ce jour-là, « ils se reconnurent ». Narèndra resta sur ses positions, mais, frappé par la sincérité de son interlocuteur, il revint le visiter à diverses reprises, perdant chaque fois un peu de son assurance. Il envisagea de séjourner à Dakshineshwar et d'y vivre la vie d'un disciple, sans parvenir à s'y décider. L'année suivante, son père mourut et la famille Datta découvrit qu'elle était ruinée. Narèndra tomba dans le plus grand désarroi, fit l'expérience de la vanité de la vie mondaine (maintenant qu'il était pauvre, ses amis lui tournaient le dos) et trouva enfin le courage de sauter le pas.

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III

Classification

Pour citer cet article

Jean VARENNE. VIVEKĀNANDA NARENDRANĀTH DATTA dit (1863-1902) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HINDOUISME

    • Écrit par Anne-Marie ESNOUL
    • 9 148 mots
    • 4 médias
    ...religions et l'universalité de la voie de la bhakti. Son influence a été grande sur l'hindouisme contemporain. Son disciple, sous le nom religieux de Vivekānanda (1862-1902), donna une forme philosophique au système et fonda la Rāmakrishna Mission qui poursuit un double but : elle finance et patronne...
  • INDE (Arts et culture) - Les doctrines philosophiques et religieuses

    • Écrit par Jean FILLIOZAT
    • 16 660 mots
    • 3 médias
    ...développement philosophique rattaché à ce sentiment est dû à un de ses disciples bengalis, Narendranāth Datta (1862-1902), illustre sous son nom religieux de Vivekānanda. Celui-ci connut en Occident un grand succès au Parlement des religions de Chicago en 1893. Dans de nombreux écrits philosophiques, il expliqua...

Voir aussi