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KEMAL NAMIK (1840-1888)

Écrivain et poète turc, né le 21 décembre 1840 à Tekirdag, dans l'Empire ottoman, mort le 2 décembre 1888 à Sakiz (auj. Chios, en Grèce), Namik Kemal exerça une forte influence sur les Jeunes-Turcs et sur le mouvement nationaliste turc, et contribua à l'occidentalisation de la littérature de son pays.

Aristocrate de naissance, Namik Kemal suit un enseignement privé, apprend le persan, l'arabe et le français, et travaille pour les services de traduction du gouvernement ottoman en 1857-1858. Il fait la connaissance des poètes les plus éminents de son époque et commence à écrire des poèmes dans le style ottoman classique. Plus tard, il se laisse influencer par Ibrahim Sinasi, auteur et rédacteur en chef du journal Tasvir-i Efkâr qui a beaucoup fréquenté l'Europe et est profondément attaché aux idées et au style de vie occidentaux. Namik Kemal devient rédacteur en chef du Tasvir-i Efkâr en 1865, lorsque Sinasi s'enfuit en France. En 1867, la nature hautement politique de cette publication provoque l'hostilité du gouvernement ottoman et Namik Kemal doit fuir à Londres, puis à Paris et à Vienne, en compagnie d'autres jeunes écrivains réformistes appelés les Jeunes-Ottomans. Namik Kemal passe son temps à étudier et à traduire en turc des auteurs prestigieux comme Victor Hugo, Rousseau et Montesquieu. Il publie aussi le journal Hürriyet (« Liberté »). Quand les Jeunes-Ottomans reviennent à Constantinople en 1871, Namik Kemal, alors rédacteur en chef du journal Ibret, continue sur la voie de ses écrits révolutionnaires et signe sa pièce la plus célèbre, Vatan yahut Silistre (« Patrie, ou Silistrie »), dont l'action se déroule autour du siège de Silistrie de 1854, et dans laquelle il interprète les notions de patriotisme et de libéralisme. Cette pièce, dénoncée par le gouvernement ottoman, lui vaut d'être emprisonné à Chypre de 1873 à 1876. Après sa libération et une autre période de quasi-exil, Kemal devient gouverneur de Sakiz (Chios) en 1888.

Namik Kemal, le réformateur social, est surtout célèbre pour avoir été le propagateur de deux notions élémentaires : celle de vatan (« patrie ») et de hürriyet (« liberté »), des idées inspirées de concepts européens, qu'il a introduites dans la langue turque. Bien que libre-penseur, Namik Kemal ne rejette jamais l'islam dans son projet de réformes. Il estime que la religion est compatible avec une Turquie totalement moderne, pourvue d'un gouvernement constitutionnel inspiré de celui des Anglais. Ses romans les plus connus s'intitulent Intibah : Ali Beyin sergüzeşti (1874, « L'Éveil ou les expériences d'Ali Bey ») et Cezmi (1887/1888), roman basé sur la vie d'Adil Giray, khan tatare de Crimée au xvie siècle. Rüya (« Le Rêve »), œuvre sociale largement diffusée, exprime son aspiration à une Turquie libérée de l'oppression.

— Universalis

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. KEMAL NAMIK (1840-1888) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • TURQUIE

    • Écrit par Michel BOZDÉMIR, Universalis, Ali KAZANCIGIL, Robert MANTRAN, Élise MASSICARD, Jean-François PÉROUSE
    • 37 012 mots
    • 22 médias
    Surnommé « poète de la liberté », Namik Kemal (1840-1888) s'essaya, lui aussi, à tous les nouveaux genres littéraires. Poète, romancier, dramaturge, essayiste, il eut une influence prédominante sur la littérature de son époque. C'est surtout grâce à sa poésie et à sa prose éloquentes et passionnées...

Voir aussi