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NAKAZATO TAROEMON (1895-1985)

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C'est à la fin d'une longue carrière entièrement consacrée à l'étude et à la réalisation de céramiques dans le style des poteries de Karatsu que l'artiste japonais Nakazato Taroemon XII se vit décerner en 1976 la distinction suprême de « trésor national vivant » pour sa production artistique.

Ce céramiste est né en 1895 dans la ville de Karatsu, au Kyūshū ; second fils de Nakazato Taroemon Tenyū XI, il prend le nom de douzième Nakazato en 1927. Ses recherches conduites sur les sites des fours anciens de la province de Hizen, en particulier dans les préfectures de Saga et de Nagasaki en 1929, 1940 et 1964, prouvent son intérêt constant pour l'histoire des techniques de sa province natale. La céramique de la région de Karatsu connut en effet un important essor à la fin du xvie siècle. Après les tentatives répétées de conquête de la Corée par les armées japonaises de Toyotomi Hideyoshi entre 1592 et 1598, de nombreux artistes et artisans coréens sont ramenés captifs au Japon. Bénéficiant d'un traitement préférentiel (exemption de taxes et droit d'ouvrir des fours sur des fiefs seigneuriaux), ils s'installent sur les terres des daimyō du Kyūshū. Ils répondent ainsi à la demande sans cesse croissante des classes militaires japonaises, adeptes de la cérémonie du thé et grands amateurs de la production de grès coréens d'époque Yi. C'est dans cette production ancienne de Karatsu fortement influencée par les grès punch'ŏng coréens et très diversifiée que Nakazato Taroemon XII puise son inspiration. Ses poteries à décor de coups de pinceau (hakeme) lui valent la remise d'un prix en 1931 et il est honoré du titre de « bien culturel intangible » en 1955. Les décors anciens abstraits ou naturalistes, d'une grande sobriété, peints en oxyde de fer sous une couverte feldspathique (e-garatsu), ou les pièces dites Karatsu bleus ou Karatsu jaunes, dont la teinte est obtenue par une cuisson réductrice ou oxydante, et sa méthode de tournage au battoir (tataki) sont quelques-uns des aspects les plus caractéristiques de son œuvre. En 1965, il revient enthousiaste d'un voyage en Corée qu'il effectue en tant que membre de la Commission des activités économiques de la préfecture de Saga, et au cours duquel il visite les principaux sites artistiques anciens de la péninsule, ce qui lui permet de mieux comprendre les sources de la production ancienne de céramiques de Karatsu. À son retour, il construit un four en s'inspirant du four de Handogame-shimo, découvert à proximité du château de Kishidake, le plus ancien exemple connu au Japon de four en escalier, en forme de « bambou coupé ». Il se propose de retrouver ainsi les méthodes anciennes du travail de l'argile.

En 1969, il devient bonze du temple Zen du Daitoku-ji (Kyōto) sous le nom de Dōō Sōhaku et adopte le pseudonyme de Mu.an. Mais il n'en abandonne pas pour autant son art. Son fils aîné, Tadao, lui succède alors comme treizième Nakazato.

Nakazato Taroemon XII a participé à de nombreuses expositions au Japon, où il est l'un des trois grands artistes contemporains du Kyūshū avec Imaemon et Kakiemon, mais aussi à des expositions internationales (Rotterdam, New York, Séoul et en Allemagne). En 1980 et 1984, une exposition itinérante à travers le Japon lui a rendu hommage en présentant plus de cent pièces de différents styles et époques représentatifs de sa carrière.

— Christine SHIMIZU

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Écrit par

  • : conservateur du Patrimoine au Musée national de la céramique, Sèvres

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Pour citer cet article

Christine SHIMIZU. NAKAZATO TAROEMON (1895-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009