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GRENOBLE MUSÉE DAUPHINOIS DE

Créé en 1906 par un érudit grenoblois, Hippolyte Müller (1865-1933), le Musée dauphinois s'inscrit dans la première lignée des musées d'arts et de traditions populaires ancrés dans une culture régionale. C'est à partir d'une accumulation d'objets-souvenirs – silex taillés, outils, meubles rustiques – que les collections s'organisent peu à peu. S'y distinguent aujourd'hui, avec l'argenterie locale, les créations d'une dynastie d'ébénistes grenoblois du xviiie siècle, les Hache, dont les commodes, les encoignures, les secrétaires sont très prisés. Dès ses débuts, le Musée dauphinois a donné à cette culture régionale un contenu scientifique et un rôle social nouveau : celui de relier les anciens habitants d'un « pays » à ses occupants actuels.

À la mort de son fondateur, le musée est laissé à l'abandon et ne trouve une seconde chance qu'avec les jeux Olympiques d'hiver de Grenoble. Georges Henri Rivière a choisi de l'implanter à Sainte-Marie-d'en-Haut. Ce couvent du xviie siècle a gardé son cloître, des jardins et une chapelle baroque (devenue salle de conférences) entièrement peinte à fresque. Le 2 février 1968, André Malraux inaugure là le nouveau Musée dauphinois après avoir ouvert « le Cargo », Maison de la culture de Grenoble aujourd'hui en restructuration, comme si les deux équipements devaient se compléter : création et innovation au Cargo, tradition régionale (jamais nostalgique) au Musée dauphinois.

Avec Jean-Pierre Laurent, à partir de 1972, le Musée dauphinois s'engage dans ce qui va devenir sa voie. Priorité est donnée à une mission d'ordre culturel : la rencontre avec les publics. Cet objectif suppose une nouvelle muséographie, c'est-à-dire une scénographie permettant au patrimoine d'être plus largement appréhendé en étant rendu plus sensible. Travail sur la lumière et le son, refus des vitrines et des objets alignés, appel aux matériaux nouveaux et à l'interactivité : ces innovations des années 1970 sont toutes mises en œuvre à Grenoble. De même l'idée alors nouvelle d'ouvrir le musée sur son territoire. J.-P. Laurent invente pour cela le « muséo-tente », chapiteau d'exposition en milieu rural.

À l'arrivée de Jean Guibal, en 1986, la « muséomanie » bat son plein et les projets de musées émanent en grand nombre des communes ou des associations culturelles. Encadrer, contrôler, aider partout cette demande excède les forces de l'État. À l'échelle locale, par contre, on peut envisager de coordonner ce mouvement pour en limiter les redondances. Ainsi apparaissent, dès 1988, les deux premiers musées associés au Musée dauphinois : Aoste pour le monde gallo-romain, Charavines pour le Néolithique et le Moyen Âge. Ils sont actuellement plus de quinze en Isère, soit spécialisés dans un domaine patrimonial, soit consacrés à une période historique. Dernier élément de ce réseau, le Musée de l'ancien évêché s'est ouvert en 1998 au cœur du centre ancien de Grenoble. Sites archéologiques, vestiges, édifices de toutes périodes y sont présentés dans une muséographie novatrice. Les documents édités à cette occasion, dont l'Atlas du patrimoine de l'Isère et sa déclinaison sur le site internet du Musée dauphinois, diversifient encore les publics.

L'importance ainsi prise par les missions territoriales du Musée dauphinois a entraîné, dès 1992, une évolution de son statut. Il devient à cette date service du Conseil général de l'Isère au sein d'une conservation départementale du patrimoine regroupant aussi le centre d'archéologie, le service de l'inventaire et une nouvelle mission du patrimoine bâti. Dans ce cadre élargi, les expositions s'ouvrent à de nouveaux domaines : l'archéologie ([...]

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Écrit par

  • : professeur agrégé de philosophie, ancien chargé de mission à la Direction des Musées de France

Classification

Pour citer cet article

Jack LIGOT. GRENOBLE MUSÉE DAUPHINOIS DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MUSÉOLOGIE

    • Écrit par Germain BAZIN, André DESVALLÉES, Raymonde MOULIN
    • 13 820 mots
    • 5 médias
    ...de « connoter » les objets, à partir du moment où leur propre « dénotation » ne suffit plus. C'est la conclusion que tira d'abord Jean-Pierre Laurent, au Musée dauphinois de Grenoble, en 1976, à la fois par la mise en contexte spatio-temporelle de ce qui est donné à voir et par une conception que l'on...

Voir aussi