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PERPÉTUEL MOUVEMENT

La condamnation est-elle sans appel ?

En 1775, sous l'influence de Laplace, l'Académie des sciences de Paris condamna solennellement le mouvement perpétuel, coupable de consommer inutilement les talents, le temps et la fortune de trop de mécaniciens ingénieux.

Si ce jugement n'a trouvé devant lui, pendant près de deux siècles, que l'atmosphère la plus favorable, il n'a pas supprimé le rêve. On ne saurait mettre entièrement ce dernier sur le compte de la passion déraisonnable et de l'ignorance des chercheurs d'inventions merveilleuses. Les décisions académiques reconnaissent, en effet, qu'il n'est pas inconcevable qu'un mouvement, une fois imprimé dans certains systèmes, puisse se conserver toujours si l'on supprime les frottements et les résistances, mais que ces mouvements perpétuels concevables excluent toute action productrice continue ; un effet étant toujours égal à sa cause, on ne peut retrouver dans ces mouvements, en provoquant leur arrêt, que ce qu'on a dépensé pour les lancer. À qui n'admettrait pas l'équation de Leibniz resterait donc la possibilité de faire appel contre la condamnation définitive.

Jusqu'à une époque récente, cependant, on ne pouvait guère rencontrer de contestations de ce genre dignes d'attention. Il n'en est plus de même aujourd'hui. Le modèle de mouvement perpétuel qu'est la vibration du pendule a non seulement envahi la physique, mais aussi révélé, avec les progrès de l'électronique, des propriétés étonnantes sur le plan de la transformation et du transport de l'énergie. L'équation de la cause et de l'effet peut légitimement apparaître trop simpliste à certains esprits, du moins en tant qu'axiome absolument universel.

Quel que soit l'avenir de la contestation, elle a l'avantage de mettre l'accent sur la difficulté du langage. L'équation de la cause et de l'effet s'appuyait, pour Leibniz, sur une vérité métaphysique. Sans cet appui, la même expression n'a pas de sens précis, et le problème de lui en donner un est peut-être l'une des formes du débat le plus fondamental qui soit pour la science.

— Pierre COSTABEL

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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Pour citer cet article

Pierre COSTABEL. PERPÉTUEL MOUVEMENT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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