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MOOSE ou MOSSI

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Le système politique

Pour rendre compte du système politique moose, nous prendrons l'exemple du Yatenga. Le royaume fondé par Naaba Yadega étant né bien après l'époque des premières conquêtes et s'étant développé au détriment de formations politiques plus anciennes, on y trouve plusieurs groupes de descendance dynastiques, dont le dernier et le plus important numériquement est issu du fondateur de la dynastie en place. À l'intérieur du groupe de descendance issu de Naaba Yadega se différencie un patrilignage royal, qui regroupe les descendants des aînés des cinq dernières générations de rois. Les membres du patrilignage royal s'appellent eux-mêmes nakombse, d'un terme qui a le sens général de « descendants de chefs » (sous-entendu : qui ne sont pas devenus chefs eux-mêmes) et peut donc, formellement, servir à désigner tous les descendants de Naaba Wedraogo, mais qui revêt ici une signification politique spécifique : du point de vue du pouvoir royal, seuls sont des nakombse les membres du patrilignage royal ; les autres Moose sont des talse, des gens du commun, et seuls les nakombse reçoivent du roi des commandements villageois. Une partie des villages du royaume relève donc d'un pouvoir local détenu par des dynasties de chefs généalogiquement peu profondes, puisque, en principe, lorsque la plus ancienne génération de nakombse quitte le patrilignage royal pour être versée dans le monde des talse, ceux de ses représentants qui détiennent des commandements locaux sont contraints de les abandonner. À côté des chefs nakombse, qui ne sont que faiblement dynastisés, on trouve des chefs locaux qui, au contraire des premiers, appartiennent à des dynasties locales qui sont souvent de souche très anciennes, puisque la plupart d'entre elles tirent leur origine des formations politiques qui étaient en place dans la région avant la fondation du Yatenga. On réserve à ces chefs le nom de tãsobnamba, littéralement : « maîtres de la guerre », bien qu'il ne s'agisse pas, en général, de chefs militaires.

Le roi est issu du patrilignage royal et appartient par définition à la génération la plus récente du groupe de descendance des nakombse. Les Moose ne définissent pas un mode de transmission automatique du pouvoir royal. Deux règles générales sont posées : d'une part, il faut être fils de roi pour être candidat au trône ; d'autre part, le pouvoir (royal ou non) passe toujours d'un aîné à un cadet. Pour ce qui concerne la première règle, elle est l'objet d'une application restrictive, du fait de la distinction entre la nomination du roi, qui fait de celui-ci un « chef » (naaba) parmi d'autres, et ce qu'on pourrait appeler son sacre, qui transforme ce « chef » en « roi » (rima). La règle effective est la suivante : il faut être fils de rima pour pouvoir devenir rima. Autrefois il n'était pas rare, en cas de crise dynastique notamment, qu'un roi seulement nommé ne parvienne pas à se faire sacrer, l'intronisation intervenant au terme d'un long périple que le nouveau souverain ne pouvait entreprendre que si le royaume était calme. En principe, à la mort d'un roi, tous les fils de rois (rima) sont des candidats potentiels au trône ; en fait, seuls les aînés des cohortes de frères fils d'un même roi fournissent les candidats effectifs. Le nouveau roi est choisi parmi ces candidats par un collège de quatre hauts dignitaires de la cour, les nesomba (« hommes de bien »). À l'origine, les nesomba (trois Moose et un captif) étaient les chefs des quatre groupes de serviteurs royaux qui entourent le roi, chacun de ces groupes ayant sa vocation propre ; à mesure que s'est développé l'appareil d'État, l'importance de ces chefs a crû, jusqu'à ce qu'ils deviennent, dans la première moitié du [...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au C.N.R.S.

Classification

Pour citer cet article

Michel IZARD. MOOSE ou MOSSI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine

    • Écrit par , et
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    • 6 médias
    ...de Ségou, les Bambara, mandéphones, créent un écran entre les zones productrices d'or et les Arma. Dans la boucle du Niger, la puissance des royaumes moose (mossi) et l'accord que ceux-ci passent avec leurs propres commerçants, moréphones, les Yarsé, convertis à l'islam, bloquent également la pénétration...
  • AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Littératures

    • Écrit par , et
    • 16 566 mots
    • 2 médias
    ...Parfois ce sont des déterminations conventionnelles affectant le terme « parole », « discours » qui remplissent cette fonction discriminante. Ainsi la distinction faite par les Mossi (Burkina Faso) entre des gomdpagdo (paroles à coque), qui désignent les discours de tradition orale, et les...
  • AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Religions

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    ...degrés sont nombreux qui mènent de ces prêtres divins aux rois sacrés dont la puissance est légitimée par leur relation avec la nature : le souverain des Mossi, de Ouagadougou, au Burkina Faso, le moro-naba, est lui aussi lié au soleil et ses pieds brûleraient le sol s'ils le touchaient. Du simple officiant...
  • BURKINA FASO

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    ...un taux de natalité de 48 %0 et un taux de mortalité de 17 %0. Cette population, rurale à 82 %, est inégalement répartie sur l'ensemble du territoire. Alors que le pays mossi, dont la population représente encore aujourd'hui près de la moitié de la population burkinabè, connaît des densités très fortes,...
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