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MOUSSORGSKI MODEST PETROVITCH (1839-1881)

Modest Petrovitch Moussorgski - crédits : Bettmann/ Getty Images

Modest Petrovitch Moussorgski

Moussorgski incarne l'image de la Russie éternelle, avec ses troubles, ses complexités, sa richesse de fonds et d'inspiration reproduite par le mode d'expression qui lui est le plus naturel : la musique. Il n'en reste pas moins un musicien extrêmement personnel, même au sein du petit groupe slavophile que l'on est convenu d'appeler le groupe des Cinq. Les recherches de langage qu'il s'est imposées, autant que cette originalité, ont ouvert au monde de l'art des voies nouvelles que les musiciens du xxe siècle ont explorées à l'envi. Il peut sembler paradoxal de voir en lui l'homme d'une synthèse, parce que l'on a coutume de considérer que la synthèse doit s'opérer, comme c'est le cas chez Bach, au moyen d'une vaste et longue prospection des formes. La musique de Moussorgski réalise une synthèse d'un tout autre ordre, par l'accord qu'elle propose des différents caractères du chant populaire russe, qu'il soit profane ou religieux, d'un sens de la couleur commun à la plupart des grands musiciens russes du xixe siècle, et de conceptions dramatiques d'une hardiesse sans précédent. Au-delà du pittoresque, il a découvert le secret dont la recherche hantait les nationalistes slaves de son temps, qu'ils fussent musiciens, poètes ou philosophes : un « ton » russe, dépouillé des vestiges des cultures française, allemande et italienne que des générations d'artistes européanisants avaient implantées en Russie aux dépens d'une expression autochtone véridique.

Un jeune aristocrate russe

Modest Petrovitch Moussorgski, né à Karevo, reçut l'éducation d'un fils de hobereaux. Quelques faits sont à retenir qui joueront un grand rôle dans l'évolution de l'homme et du musicien ; ses aptitudes précoces pour la musique, considérée par ses proches comme un art d'agrément ; l'influence de sa niania, nourrice traditionnelle dont les contes fécondent son imagination ; un attachement profond pour sa mère qui lui a légué une vive sensibilité et ses goûts poétiques ; enfin un intérêt pour le peuple et le paysan, le moujik, qui étonne son entourage. Concurremment à la carrière des armes, propre à sa condition, il poursuit ses études pianistiques et s'essaie timidement à la composition.

Mais, bientôt, il s'abandonne à sa vocation musicale sous l'influence d'Alexandre Dargomyjski et de Mili Balakirev, compositeurs que l'exemple de Mikhaïl Glinka a engagés dans la voie du nationalisme musical. La personnalité si forte et les opinions si nouvelles de Balakirev favorisent autour de lui la formation d'un mouvement d'idées, incarné par un groupe de jeunes musiciens qui comprend, avec Moussorgski, César Cui, Borodine et Rimski-Korsakov, tous soucieux de découvrir à leurs contemporains, enivrés de musique étrangère, le visage russe de leur art. En dépit de la tyrannie de Balakirev, de l'opposition des tempéraments et de la dispersion finale de ses membres, le groupe des Cinq a marqué de son empreinte l'évolution de chacun d'eux autant que celle de la vie musicale russe.

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Pour citer cet article

Myriam SOUMAGNAC. MOUSSORGSKI MODEST PETROVITCH (1839-1881) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Modest Petrovitch Moussorgski - crédits : Bettmann/ Getty Images

Modest Petrovitch Moussorgski

<it>Boris Godounov</it> - crédits : Raymond Kleboe/ Picture Post/ Getty Images

Boris Godounov

Autres références

  • BORIS GODOUNOV (M. P. Moussorgski)

    • Écrit par Christian MERLIN
    • 224 mots
    • 1 média

    Créé au théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg le 27 janvier (ancien style) / 8 février (nouveau style) 1874, Boris Godounov – opéra en un prologue et quatre actes sur un livret du compositeur d'après le drame historique d'Alexandre Pouchkine – confère ses lettres de noblesse à la représentation...

  • CHALIAPINE FIODOR (1873-1938)

    • Écrit par Alain DUAULT
    • 939 mots
    • 2 médias
    ...il est invité à la Scala pour chanter le rôle-titre du Mefistofele de Boito sous la direction de Toscanini, avec Caruso dans le rôle de Faust. En 1904, il obtient un triomphe dans la reprise du Boris Godounov de Moussorgski, qu'il fait ainsi renaître après des années d'oubli. Il sera désormais lié à ce...
  • CHRISTOFF BORIS (1914-1993)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 621 mots
    • 1 média

    Le prénom et la taille colossale de Boris Christoff le prédestinaient à incarner le rôle-titre de Boris Godounov de Moussorgski, qu'il a marqué de son empreinte, en digne successeur de Chaliapine.

    Boris Kirilov, dit Christoff, naît à Plovdiv, en Bulgarie, le 18 mai 1914, et est élevé dans...

  • CINQ GROUPE DES, musique russe

    • Écrit par Michel-Rostislav HOFMANN
    • 700 mots

    Cénacle musical qui, autour de Mili Balakirev, réunissait César Cui, Alexandre Borodine, Modest Moussorgski et Nicolaï Rimski-Korsakov. Il est connu sous deux étiquettes : en France, on l'appelle généralement le « groupe des Cinq » russe ; en Russie, le « puissant petit groupe ». La seconde...

  • DARGOMYJSKI ALEXANDRE SERGUEÏEVITCH (1813-1869)

    • Écrit par Michel-Rostislav HOFMANN
    • 485 mots

    Les musiciens russes affiliés au groupe des Cinq et leurs disciples se sont réclamés d'un « père » spirituel, Glinka, et d'un « parrain », Dargomyjski. « Un petit homme en redingote bleu ciel et gilet rouge, affligé d'une invraisemblable voix de fausset », tel apparaissait à ses contemporains...

  • Afficher les 7 références

Voir aussi