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MODÉNATURE

On appelle modénature l'ensemble des moulures qui ornent une partie d'un monument ou l'ordre qui le caractérise. Les principaux éléments qui, dans un édifice grec, portent ces moulures sont, de haut en bas : le couronnement, la frise, le chapiteau, la base (ionique ou corinthienne) pour l'ordre extérieur ; les assises inférieure et supérieure des murs qui déterminent le pronaos, la cella et l'opisthodome des temples grecs. Les portes étaient souvent ornées d'un bandeau mouluré.

Les moulures se classent d'après leur profil. Les moulures saillantes, convexes, peuvent présenter en coupe soit deux angles droits (listel étroit, plate-bande ou taenia, plus large), soit une section de cercle (fine baguette ou astragale, boudin ou tore, ou encore quart-de-rond), soit, enfin, une section d'ellipse dans le cas de l'ovolo. Parmi les moulures concaves, la gorge correspond, en profil rentrant, à celui de l'astragale tandis que le cavet est lui-même le « négatif » du quart-de-rond et la scotie celui de l'ovolo. Par ailleurs, le quart-de-rond et le cavet se combinent fréquemment pour donner une moulure en talon (cyma recta) où la partie haute est convexe et une autre en doucine (cyma reversa), où le haut est concave. Telle est la modénature la plus simple dont disposaient les architectes grecs.

À ces différents profils est souvent venu s'adapter un décor sculpté. L'astragale peut ainsi être orné de perles et de pirouettes, l'ovolo d'une ligne d'oves, le talon de motifs en rai-de-cœur, constitués de feuilles et de fers de lance, et la doucine d'un réseau de palmettes et de lotus. Les moulures n'étaient exécutées — comme les cannelures des colonnes — qu'après la mise en place des blocs. Très fragiles, elles risquaient, en effet, d'être abîmées pendant les gros travaux de la construction. On procédait d'abord à un ravalement des plans à sculpter, puis la sculpture était ébauchée avant d'être terminée en un troisième temps. L'étude de certains monuments inachevés permet de remarquer que ces travaux de sculpture des moulures se faisaient par lignes indépendantes d'un bout à l'autre d'une rangée de blocs et non pas, dans le cas d'un ensemble de moulures, sur toute la hauteur d'un bloc, puis sur un autre et ainsi de suite. Les particularités qui déterminent un style d'architecture pour une région du monde grec se rencontrent également dans la modénature qui, elle-même, pourra présenter une évolution différente selon les lieux et les époques.

— Martine Hélène FOURMONT

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Écrit par

  • : archéologue, rédacteur en chef de la Revue archéologique, ingénieur du C.N.R.S., Institut de recherche sur l'architecture antique, Centre de documentation photographique et photogrammétrique

Classification

Pour citer cet article

Martine Hélène FOURMONT. MODÉNATURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ORDRES, architecture

    • Écrit par Bernard HOLTZMANN, Claude MIGNOT, Éliane VERGNOLLE
    • 13 359 mots
    • 23 médias
    ...presque exclusivement végétaux, mais de types encore variés des premiers monuments gothiques – Saint-Denis, Sens ou Saint-Germain-desPrés –, cèdent rapidement la place à des formes plus stéréotypées. Dès la fin du xiie siècle, le chapiteau est devenu un élément parfois secondaire de la modénature.

Voir aussi